Petite leçon de relations internationales par Vladimir Poutine

Le 18 septembre, le parti de Vladimir Poutine a remporté un nombre record de sièges aux législatives. Dans une récente interview accordée à Bloomberg Business Week, le président russe revenait sur Gazprom, ses relations avec l'Ouest, ou encore l'interventionnisme au Moyen-Orient.

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Crédit : AFP.

 

OTAN, Japon, États-Unis, Zone Euro, Arabie saoudite, Iran… Dans une interview accordée à l’hebdomadaire économique américain Bloomberg Business Week, Vladimir Poutine revient sur la politique étrangère russe. En ressort un homme pragmatique, qui se défend de toute ingérence dans les affaires intérieures des autres et assure mener une politique pacifique. Sélection.

Félicite la zone euro

Le président russe a, à plusieurs reprises, fait clairement la distinction entre le politique et l’économique. Il estime que la crise de l’euro est plutôt bien gérée par les responsables politiques européens : « Nous avons critiqué beaucoup de choses et pensons que nos partenaires ont fait plus d’une erreur, nous aussi, probablement […] mais concernant l’économie, à mon avis la commission européenne et les premières économies européennes ont une approche très pragmatique et correcte de la résolution de ces questions ». Et Poutine de rappeler qu’il est dans son intérêt d’éviter un effondrement de la zone euro, étant donné que le Russie détient 40 % de ses réserves en euro.

Interrogé sur ses relations avec la Turquie, le président russe a, encore une fois, mis en avant les intérêts économiques que les deux pays avaient en commun (dans le secteur énergétique notamment).

Rassure sur Gazprom

Avant même que le journaliste ne lui pose la question, Vladimir Poutine a évoqué l’un des problèmes structurels de l’économie russe : sa très grande dépendance au gaz et au pétrole. « […] Je fais référence au problème qu’on ne peut pas surpasser, spécifiquement le rôle dominant des secteurs du gaz et du pétrole en Russie et, par conséquent, notre dépendance aux recettes du pétrole et du gaz ». Néanmoins, le président russe se veut rassurant quant à la santé de Gazprom : « Dans l’ensemble, Gazprom est en grande forme et augmente les exportations vers ses partenaires traditionnels ». Ainsi, Poutine s’est aussi voulu rassurant quant aux réserves monétaires russes en général : « Du point de vue de la sauvegarde de la stabilité de l’économie et du commerce extérieur, nous avons absolument assez de réserves en or et en devises ».

Nie tout interventionnisme

« La Russie a poursuivi et prévoit de poursuivre une politique étrangère absolument pacifique, dirigée vers la coopération », assure Poutine. Pour lui, la politique étrangère russe a comme leitmotiv le respect de la volonté des peuples. Une façon de justifier sa position dans la crise ukrainienne.

Aussi, le président nie l’idée d’une volonté expansionniste de sa part. « Il m’a fallu neuf heures pour me rendre à Vladivostok depuis Moscou. À peine moins que de Moscou à New York […]. Pensez-vous que nous avons besoin de développer quelque chose ? », argue-t-il. Autre argument : la Russie n’aurait pas les capacités de se confronter à l’OTAN : « […] L’idée d’une menace russe, par exemple, sur les pays baltes, est une folie complète. Sommes-nous vraiment sur le point de combattre l’OTAN? Combien de personnes vivent dans les pays de l’OTAN ? Environ 600 millions d’euros, correct ? Il y a 146 millions en Russie. Oui, nous sommes la plus grande puissance nucléaire. Mais pensez-vous vraiment que nous sommes sur le point de conquérir les pays baltes en utilisant des armes nucléaires ? Quelle est cette folie ? ». 

Un refus d’intervention mis en avant également lorsqu’il est interrogé sur la crise en Syrie. Il défend l’idée selon laquelle aucune solution extérieure ne pourra résoudre le conflit, en témoigne, d’après lui, la situation en Libye et en Irak suite aux interventions étrangères.

Arabie saoudite versus Iran

Le président russe réclame une nouvelle fois aux membres de l’OPEP, Arabie saoudite en tête, de trouver un accord pour geler la production de pétrole. Là aussi, Poutine distingue (ou du moins prétend distinguer) les intérêts économiques et diplomatiques. Pour lui, même si les producteurs ne parviennent pas à se mettre d’accord à cause d’un enjeu politique (l’Iran), il en va de leurs intérêts de trouver un compromis. « Tout le monde sait sur quoi portait le différend. Le différend était que si la production était gelée, tout le monde devrait le faire, y compris l’Iran. Mais on comprend bien que l’Iran part de très bas, du fait des sanctions bien connues à son encontre. Ce serait injuste de le laisser à ce niveau de sanction ». De précédents efforts pour parvenir à un gel des niveaux de production ont échoué en avril en raison du refus de l’Iran de s’associer à cette initiative. Moscou maintient son soutien indéfectible à Téhéran.

Trump ou Clinton ?

Vladimir Poutine préfère-t-il voir Donald Trump ou Hilary Clinton accéder à la Maison-blanche ? Le président russe n’a pas souhaité trancher. Il a de nouveau rejeté les accusations de piratage des serveurs du Parti démocrate américain, alors que des hackers russes avaient été accusés d’être à l’origine de la récente fuite d’information. « Je ne sais rien de tout cela, au niveau étatique la Russie, n’a jamais fait une chose pareille », a-t-il assuré.

 

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