A Oyem, ville du nord proche du Cameroun et théâtre de violences post-électorales en septembre, la ministre des sports, Nicole Asselé, a fait part de ses « inquiétudes » en visitant la toute nouvelle enceinte de 20 500 places qui va recevoir le tenant du titre, la Côte d’Ivoire, le Maroc, la République démocratique du Congo et le Togo.
Les soucis de la ministre portent sur « les finitions des vestiaires, les ascenseurs et les extérieurs du stade », tandis que le quotidien gabonais l’Union, qui couvrait sa visite, révélait que « le stade n’est pas encore alimenté en électricité et en eau potable« .
Le journal publiait aussi lundi la photo d’une pelouse encore absente par endroits avec cette légende: « Au vu des trous sur certaines parties, il y a encore du travail à faire pour qu’elle soit de qualité« . « Nous sommes dans la phase du sablage (renforcement de la pelouse) pour protéger l’intégrité physique des acteurs et le nivellement du terrain« , a expliqué le responsable de la pelouse, l’ancien joueur Jean-Daniel Ndong Nze.
A Oyem, le Maroc et le Togo ont accepté de partager le même complexe hôtelier, pour des raisons pratiques sans oublier la bonne entente entre les deux coaches français, Hervé Renard et son « maître » Claude Le Roy, qui lui a ouvert les portes de l’Afrique du ballon rond. Que l’Algérie, la Tunisie, le Zimbabwe et le Sénégal se rassurent: « Il n’y a aucune inquiétude sur le stade de Franceville. L’ensemble des infrastructures et autres équipements sont parfaitement rodés et prêts pour le coup d’envoi« , a assuré la ministre des Sports au sujet de ce stade qui a accueilli le 8 octobre un Gabon-Maroc (0-0) comptant pour les éliminatoires du Mondial-2018.
A Libreville, le stade de l’Amitié devrait être opérationnel pour les deux matches d’ouverture Gabon-Guinée Bissau et Cameroun-Burkina Faso le samedi 14 janvier, d’autant que comme pour Franceville, cette réalisation sino-gabonaise date de la CAN-2012 co-organisée avec la Guinée-Equatoriale.
Un nouvelle pelouse « testée » prochainement
Direction la quatrième ville-hôte, Port-Gentil, condensé des difficultés géographiques, politiques et économiques du Gabon. Isolée du reste du pays, la capitale pétrolière n’est accessible que par bateau et avion pour recevoir les matches du groupe D (Egypte, Ghana, Ouganda, Mali).
Le nouveau stade, d’une capacité de 20.000 places, vient d’être livré, et sa pelouse doit être testée lors d’un match le 5 janvier douze jours avant Ghana-Ouganda et Egypte-Mali. Dans la ville, la mairie a déployé des équipes de nettoyage des routes et des caniveaux, soucieuses d’effacer les stigmates des centaines de licenciements dans l’industrie du pétrole et des violences post-électorales de septembre dernier. Les propriétaires d’hôtel misent sur la CAN-2017 pour relancer l’activité. « J’ai refait l’eau, l’électricité et la climatisation« , énumère Jean-Claude, 49 ans, responsable d’un motel de 25 chambres.
Dans l’attente de la CAN, des particuliers s’improvisent chauffeurs clandestins (« clandos », comme on dit au Gabon) à côté des 500 taxis que comptent Port-Gentil.
Port-Gentil représente aussi un bon baromètre politique de l’humeur du Gabon, où la réélection contestée d’Ali Bongo n’est toujours pas acceptée par le chef de l’opposition Jean Ping. « La CAN ne va rien changer au quotidien du Port-Gentillais. La crise sévit encore. La CAN ne va donner à manger à ceux qui ont faim. Les milliards du stade pouvaient servir à financer les micro-projets« , regrette Jean-Yves, 37 ans, mécanicien au chômage depuis trois ans. Deux militants de la société civile anti-Bongo ont réclamé récemment un transfert de la CAN-2017 « vers un autre pays plus stable« . Ils avaient menacé d’en appeler au « boycott » et même « au sabotage » de la compétition, avant de retirer ce dernier terme, contraire à « leur attachement ferme à l’action non-violente« .
La CAF avait démenti le 23 novembre les « rumeurs persistantes » de délocalisation, affirmant qu’il n’a « jamais été question de trouver un pays de substitution« .
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