Un premier geste de Mohamed Hassad en faveur de la philosophie

Le ministère de l’Éducation nationale va reformer les manuels scolaires jugés diffamatoires à l’encontre de la philosophie dès la rentrée 2017.

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Crédit: Rachid Tniouni

Le ministère de l’Éducation nationale a changé de position au sujet des manuels scolaires d’éducation islamique dont le contenu est jugé diffamatoire à l’encontre de la philosophie par une partie de la société civile. Le département, qui est désormais dirigé par Mohamed Hassad, a décidé de reformer les manuels au coeur de la polémique, et ce pour l’année scolaire 2017-2018. C’est ce que nous apprend Abdelkarim Safir, secrétaire national de l’Association marocaine des enseignants de philosophie (AMEP). Cette décision a été annoncée à l’issue d’une réunion tenue le 7 avril avec Fouad Chafiki, directeur des curricula et des programmes scolaires au ministère de l’Éducation nationale.

En décembre 2016, les enseignants de philosophie sont montés au créneau pour décrier le manuel Manar de l’éducation islamique, inscrit au programme de la première année du baccalauréat. L’ouvrage décrit leur discipline comme « une production de la pensée humaine contraire à l’islam« . « Nous avons présenté un mémorandum avec nos remarques et critiques sur les manuels d’éducation islamique de l’édition Al Manar qui portent atteinte à notre matière. Le ministère s’est montré compréhensif« , nous explique Abdelkarim Safir. « Après plusieurs mois de blocage, nous avons la garantie du ministère que ces manuels seront revus et corrigés d’ici la rentrée prochaine. C’est une victoire contre l’obscurantisme« , poursuit notre interlocuteur.

L’ouvrage incriminé cite Ibn Salah Al Shahrazuri, spécialiste irakien du hadith shafiî, qui voit dans la philosophie « l’essence de la dégénérescence« . En réaction au mécontentement des enseignants de philosophie qui ont organisé des sit-in du 21 au 23 décembre 2016, le ministère de l’Éducation nationale avait publié à l’époque deux communiqués évasifs. Dans le premier, il affirmait que « les documents officiels relatifs au sujet insistent sur le fait que la pensée philosophique renforce le savoir et fait évoluer la pensée et que la philosophie raisonnable et la vraie foi ne sont pas antinomiques ».

Dans son second communiqué, publié en janvier, le ministère de l’Éducation nationale s’est dit « étonné que des avis si tranchés se soient exprimés au sujet d’un prétendu retour en arrière sur la place accordée à la philosophie dans l’école marocaine« . Le 19 janvier, l’ancien chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, réagissait à la polémique dans un communiqué relayé par l’agence de presse MAP. Il y expliquait que la référence à Al Shahrazuri a été introduite « dans le but de démontrer la pensée extrémiste de son auteur en vue de la débattre« . Depuis, silence radio.

Rappelons que la décision de refonte de l’éducation religieuse dans les manuels scolaires a été impulsée par le roi lors du conseil des ministres qui s’est tenu le 6 février 2016 à Laâyoune. En juin la même année, le ministère de l’Éducation nationale a annoncé une vaste opération de révision portant sur 147 manuels. Ces derniers devaient être prêts pour la rentrée 2016-2017, expurgés de références sexistes, rétrogrades ou réductrices, notamment envers les personnes handicapées.

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