Hillary Clinton: "j'aurais été présidente" sans les piratages russes et le FBI

À défaut d'un véritable mea culpa, Hillary Clinton a livré le 2 mai son interprétation la plus claire à ce jour de sa défaite face à Donald Trump, accusant le directeur du FBI James Comey, Vladimir Poutine et WikiLeaks de lui avoir volé une victoire quasi acquise.

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« J’étais sur le chemin de la victoire jusqu’à ce que la lettre de Jim Comey, le 28 octobre, et le WikiLeaks russe créent le doute dans la tête des gens qui penchaient en ma faveur et qui ont fini par prendre peur« , a déclaré la candidate démocrate à la dernière élection présidentielle américaine. Hillary Clinton s’exprimait lors d’un événement de l’ONG Women for Women International à New York. « Si l’élection avait eu lieu le 27 octobre, j’aurais été votre présidente« , a-t-elle dit.

Le président Donald Trump lui a répondu quelques heures après avec deux tweets sarcastiques, répétant que les démocrates utilisaient ces accusations anti-russes comme excuse pour masquer leur « défaite aux élections« .

Hillary Clinton a participé à quelques événements publics depuis novembre, mais elle s’était peu exprimée sur les raisons de son échec. On savait, par son entourage, qu’elle entretenait une amertume vis-à-vis du FBI qui a relancé l’affaire de ses emails quelques jours avant le scrutin.

Début avril, elle affirmait que la misogynie avait « joué un rôle« , évoquant le double effet négatif de M. Comey et des fuites de messages privés sur WikiLeaks. Mais c’est la première fois qu’elle expliquait en détail son interprétation du résultat de l’élection présidentielle de novembre 2016. Hillary Clinton a remonté le temps jusqu’au 7 octobre, un mois avant le scrutin.

Ce jour-là, le Washington Post divulguait une vidéo de Donald Trump se vantant en 2005 d’attraper les femmes par leurs parties intimes. La vidéo faisait l’effet d’une bombe. Mais dans la demi-heure, des milliers de mails du président de son équipe de campagne, John Podesta, étaient publiés par le site WikiLeaks. Depuis, on a appris que des hackers liés au renseignement russe avaient piraté la messagerie des mois auparavant. « Quelle coïncidence« , a ironisé Hillary Clinton, insinuant que la fuite avait été orchestrée pour atténuer l’impact de la vidéo de Trump sur la campagne républicaine.

Ces messages, dont des dizaines de milliers seront distillés jusqu’à l’élection, racontaient les coulisses et machinations de la campagne démocrate, alimentant la presse et brouillant son message. Les mails piratés comprenaient entre autres le texte de discours d’Hillary Clinton à Wall Street, qu’elle avait obstinément refusé de publier.

Le 20 octobre, Wikileaks publiait deux mails de John Podesta. Selon CNN, qui n’a pu authentifier ces courriers électroniques, l’équipe de campagne d’Hillary Clinton a « refusé de vérifier l’authenticité de ces emails« , mais n’a « pas contesté la validité d’autres emails » ayant fuité sur Wikileaks.

Selon le site d’information américain The Daily Caller, fondé par l’ancien journaliste de Fox News Tucker Carlson, Hillary Clinton s’est « arrangée pour obtenir un don de 12 millions de dollars de la part du roi du Maroc«  afin de financer son ONG, la Clinton Foundation. La même source affirme que l’obtention de ce financement était conditionnée par l’organisation de l’édition 2015 de la Clinton Global Initiative (CGI) au Maroc. Pour rappel, cet événement annuel de la Clinton Foundation s’est tenu au Palmeraie Golf Palace de Marrakech du 5 au 7 mai 2015.

Pour le site d’information de la chaîne américaine CNN, c’est en échange de la participation d’Hillary Clinton à l’événement que la Clinton Foundation aurait obtenu ce don.

Lire aussi : L’affaire des dons marocains à la Clinton Foundation en 7 questions

Le 28 octobre 2016, le directeur du FBI James Comey annonçait au Congrès que ses enquêteurs avaient trouvé de nouveaux messages justifiant une relance des investigations closes au mois de juillet précédent, relançant cette affaire. Deux jours avant le scrutin le directeur du FBI annonce finalement n’avoir finalement rien trouvé d’incriminant.

« Ai-je fait des erreurs ? Mon Dieu, oui« , reconnaît Clinton le 2 mai, promettant une « confession » et une « demande d’absolution » dans un livre à paraître cet automne. « J’assume absolument ma responsabilité personnelle. La candidate, c’était moi« . « Mais la raison pour laquelle nous avons perdu se trouve dans les événements des dix derniers jours » de la campagne, a-t-elle poursuivi, martelant que le vote anticipé, les sondages et les remontées de terrain la montraient gagnante jusqu’à fin octobre.

Reprenant les conclusions de l’administration Obama, elle a accusé le président russe Vladimir Poutine, supposé entretenir une haine tenace à son égard depuis qu’elle a critiqué le déroulement d’élections russes en 2011. « Quand vous regardez mon adversaire et les déclarations de sa campagne, ils se sont assez coordonnés avec les objectifs du leader dont je tairai le nom« , a-t-elle dit, sans aller jusqu’à directement accuser Trump et Poutine de collusion.

« J’ai gagné trois millions de voix de plus que mon adversaire« , s’est vantée la démocrate, rappelant que Donald Trump a perdu le suffrage populaire, mais remporté l’élection au suffrage indirect. Les déclarations de Clinton risquent de renforcer son image de mauvaise perdante, alors qu’une partie des démocrates estime que c’est bien sa stratégie électorale, peu focalisée sur les classes populaires blanches, qui est en cause.

Donald Trump a également estimé que l’ex-first lady l’avait échappé belle avec le choix du FBI de ne pas engager de poursuites pénales à propos de l’affaire de ses emails. « Le directeur du FBI était la meilleure chose qui soit jamais arrivée à Hillary Clinton en lui accordant un blanc-seing pour de nombreuses mauvaises actions! (…)« , a-t-il encore tweeté. « Ce n’est jamais de sa faute« , a réagi l’élu républicain Jeff Duncan, également sur Twitter.

Mais Hillary Clinton n’a aucune intention de s’effacer. « Je suis de nouveau une citoyenne active, membre de la résistance« , a-t-elle lancé. « L’histoire Trump/Russie était une excuse utilisée par les démocrates pour justifier leur défaite électorale« , a tweeté mardi soir Donald Trump, « peut-être que Trump a simplement fait une super campagne?« .

Avec agences

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