Coupe du Monde : un rêve que le Maroc n'a jamais pu concrétiser

Le Maroc a présenté sa candidature à l’organisation de la Coupe du monde 2026 ce vendredi  11 août 2017. Un événement que le Maroc a tenté d’organiser à quatre reprises. Retour sur ces tentatives qui se sont toutes soldées par des échecs.

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Pour la cinquième fois en l’espace  de 29 ans, le Maroc a de nouveau présenté sa candidature à la Coupe du monde. Une candidature qui fait du royaume le recordman en la matière après les quatre échecs lavés par le Maroc pour l’organisation des éditions 1994,1998, 2006 et 2010. Retour sur les circonstances dans lesquelles le royaume a présenté sa candidature mais aussi l’ampleur de l’échec dans chacune de ses  candidatures.

1994 : Le coup d’essai

 

C’est lors d’une rencontre entre le ministre de la Jeunesse et des Sports, Abdellatif Semlali et le roi Hassan II en 1989 qu’il a été décidé que le Maroc se porterait candidat à l’organisation de la Coupe du monde 1994, nous indique le chercheur spécialisé dans le sport Moncef El Yazghi. Le royaume souhaite alors bénéficier de l’élan généré par la qualification des Lions de l’Atlas pour les 1/8e de finale de la Coupe du monde 1986.

Cette candidature, la première pour un pays africain, paraissait étonnante à l’époque, car le royaume était sous le coup d’un plan d’ajustement structurel imposé par le FMI.  Chez les dirigeants, il s’agit d’un coup d’essai pour jauger les intentions des dirigeants de la FIFA. Du coup, la défaite par trois voix (10 voix à 7) face aux Etats-Unis est « perçue comme une victoire par les responsables marocains » affirme El Yazghi. D’autant que le pays de l’Oncle Sam aura tout fait pour se conformer aux règles de la FIFA en créant une ligue professionnelle de football ( la fameuse Major League Soccer) et que le royaume se prépare à présenter une candidature pour l’édition suivante.

Crédit: DR
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1998 : Le double échec

Après le retrait de la Suisse, le Maroc devient le seul concurrent face à la France en vue d’organiser le Mondial 1998. Le royaume se présente alors comme le candidat du monde arabe et de l’Afrique. Suite au retrait suisse, le Maroc se voit également proposer de retirer sa candidature en échange d’une attribution automatique de l’organisation de la Coupe du monde 2002. Mais selon Moncef El Yazghi, le royaume refuse de se retirer, croyant en ses chances d’organiser le Mondial 1998.  Lorsque la France est désignée le 2 juillet 1992 pour organiser la Coupe du monde, la peine est double pour le Maroc puisque la Corée du Sud et le Japon se verront attribuer l’organisation de l’édition 2002 de la compétition.

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2006 : Perdu d’avance

Lorsqu’en juillet 2000,  les responsables de la candidature marocaine se présentent à Zurich pour la désignation du pays, ils savent que la cause est « perdue d’avance ». D’autant que le Maroc ne peut pas compter sur le soutien de certains pays arabes qui reprochent au royaume d’avoir désigné un directeur de campagne ne parlant pas arabe. À titre d’exemple, le Qatar votera en faveur de la candidature allemande. La candidature marocaine soutenue par Moulay Rachid tandis que les candidatures allemandes et sud-africaines « sont, elles, soutenues par des « personnalités célèbres comme Franz Beckenbauer, légende allemande du football  et Nelson Mandela, tête de file la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud » se souvient Moncef El Yazghi. Le Maroc est éliminé dès le premier tour de vote et l’Allemagne sera désignée pour accueillir la grand-messe du football mondial.

L’attribution de ce Mondial à l’Allemagne reste toutefois entachée de soupçons de corruption puisqu’en mars 2016, la FIFA ordonne l’ouverture d’une enquête à ce sujet. .

2010 : A quelques millions près

Le Maroc est bien rôdé à l’exercice des candidatures lorsqu’il se présente pour l’organisation de la Coupe du monde 2010 qui, en vertu du principe de rotation imposé par le FIFA, doit se tenir sur le sol africain.  La commission technique qualifie même d’ « excellent » le projet marocain comme le confiait président du comité d’organisation marocain, Saad Kettani, dans un entretien accordé à Telquel.ma en mai 2015.

Lire aussi: Saâd Kettani: «Nous n’avons jamais versé de pot-de-vin»

A la veille de la désignation du vote, le comité marocain est même confiant quant aux chances du royaume d’accueillir la compétition puisqu’il dispose, à ce moment-là, des votes nécessaires en vue de l’emporter face à l’Afrique du Sud. Mais à la stupeur de la délégation marocaine, c’est le pays des Bafana Bafana qui est désigné 24 heures plus tard. Selon plusieurs témoignages, le président de la FIFA Sepp Blatter aurait fait pression et donner des consignes de votes à plusieurs votants qui ont rencontré à la veille du jour décisif, Nelson Mandela dans sa chambre d’hôtel.

L’attribution de ce Mondial restera toutefois entachée par des soupçons de corruption. Selon des documents de la justice américaine relayés par le New York Times, basés sur les témoignages de l’ancien président de la fédération américaine de football Chuck Blazer,  des responsables de la FIFA auraient reçu 10 millions de dollars de la part des autorités sud-africaines. Le Maroc aurait lui reversé un million de dollars. Interrogé par Telquel.ma à ce sujet, Saad Kennani a nié tout versement de pot-de-vin. Selon le New York Times, les pots-de-vin supposément versés par l’Afrique du Sud lui auraient permis d’obtenir trois votes en sa faveur. Le pays a décroché l’organisation de la Coupe du monde 2010 par 14 voix contre 10.

Lire aussi:  Coupe du monde 2010: le Maroc battu au jeu de la corruption?

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