Mohamed Aujjar: "Le Maroc s'immunise contre la torture"

Fès abritait les 30 et 31 octobre le symposium régional de l'initiative pour la Convention contre la torture. L'occasion pour le Maroc de promouvoir ses efforts dans la lutte contre ce fléau.

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Mohamed Aujjar. Crédit: MAP

« C’est une thématique prioritaire pour le Maroc, surtout depuis la ratification de la Convention contre la torture et son protocole facultatif« , nous déclare le ministre de la Justice, Mohamed Aujjar, en marge du symposium régional de l’initiative pour la Convention contre la torture (CTI) qui s’est tenu à Fès, le 30 et 31 octobre.

Cette réunion, parrainée dans le cadre des Nations Unies par le Chili, le Danemark, le Ghana, l’Indonésie et le Maroc, visait à promouvoir la Convention internationale contre la torture et les traitements dégradants. Elle a aussi pour ambition d’apporter « l’expertise marocaine et le leadership marocain à ce domaine« , nous assure Aujjar, qui balaie les critiques d’ONG internationales et locales qui continuent de relayer des allégations de torture.

Le ministre de la Justice insiste sur le fait que « le Maroc a eu un parcours quasi exemplaire en termes de lutte contre la torture dans le continent. De plus cela renforcera évidemment notre position sur le dossier du Sahara« .

Mohamed Aujjar nous explique par ailleurs que « le Maroc tente d’encourager les États à améliorer leurs comportements et à respecter les dispositions de la Convention contre la torture« .

Le séminaire de Fès se tenait après une visite du Sous-comité onusien de prévention contre la torture (SPT), du 22 au 28 octobre dernier. Composée de six experts, cette délégation a pu « observer librement les prisons marocaines tout en interagissant avec des responsables gouvernementaux quant à la condition des prisonniers« , assure le ministre.

Le groupe d’experts onusiens a rencontré de hauts responsables, à savoir le ministre d’État chargé des Droits de l’Homme, le ministre de la Justice, le président du parquet général, le président délégué du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, le président de la cour d’appel de Rabat, mais également le président du Conseil national des droits de l’Homme.

Les experts ont pu également s’entretenir avec les pensionnaires des établissements pénitentiaires et psychiatriques, ainsi qu’avec le personnel qui les supervise.

Lire aussi: Le Sous-comité pour la prévention de la torture attendu au Maroc le 22 octobre

Abdellah Ounnir, qui représente le Maroc au sein du Sous-comité de prévention contre la torture nous détaille les méthodes de travail du SPT: « il est parfaitement libre de ses mouvements. Les experts peuvent se rendre n’importe où, et ce n’importe quand. La délégation se contente de prévenir l’État de son arrivée, et une fois sur place les membres se rendent compte par eux-mêmes des réalités. Ils ne sont influencés par personne, et ne tiennent compte que des informations récoltées par leurs soins« .

De son côté, Mohamed Aujjar voit dans la visite des experts du SPT un « exercice de transparence auquel s’est plié le gouvernement marocain, tout en prêtant une oreille attentive à toute modification nécessaire, dans le but d’améliorer les comportements et la perception de toutes les administrations et de tous les intervenants afin d’immuniser le Maroc contre la torture« .

Pour lier la parole aux actes, le Maroc veut passer à la vitesse supérieure et faire de sa politique de lutte contre la torture une expertise nationale à promouvoir dans son environnement régional. Objectif: identifier les moyens d’aider les États à mettre en place des mesures de protection durant toutes les premières heures de détention par la police.

Lors du symposium de Fès, il a également été question des mesures visant à protéger la police et les autres agents de l’État des plaintes infondées et à préserver les éléments de preuve dans la perspective de poursuites pénales ultérieures.

En marge du symposium, se tenait ce mercredi 1er novembre une réunion fermée des États qui ne font pas partie de la Convention contre la torture, et dont le but était d’examiner les bénéfices découlant de la ratification de ladite Convention.

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