Le magazine a mis à sa une l’actrice Ashley Judd, la chanteuse Taylor Swift et l’ex-employée d’Uber Susan Fowler, parmi les premières à dénoncer des abus sexuels par des hommes de pouvoir. Ou encore Taraba Burke, la femme qui lança il y a 10 ans un mouvement de défense des victimes d’abus sexuels à l’origine du hashtag #Metoo, repris par l’actrice Alyssa Milano en octobre et utilisé des millions de fois depuis.
« Les actions galvanisantes des femmes de notre couverture, avec celles de centaines d’autres, et beaucoup d’hommes également, ont déclenché un des changements les plus rapides de notre culture depuis les années 1960 », a estimé le rédacteur en chef de Time Edward Felsenthal en dévoilant ce classement, publié depuis 1927.
« Pour avoir donné une voix à des secrets de polichinelle, pour être passés du réseau des chuchotements aux réseaux sociaux, pour nous avoir tous poussés à arrêter d’accepter l’inacceptable, les briseurs de silence sont personnalité de l’année », a-t-il ajouté.
La chancelière allemande Angela Merkel, incarnation du pouvoir au féminin elle-même couronnée par Time en 2015, a salué cette récompense, remerciant celles et ceux qui ont « eu le courage de briser le silence » pour « la discussion que vous avez déclenchée à travers le monde ».
Donald Trump, qui avait remporté la distinction l’an dernier, est arrivé deuxième du classement 2017, pour avoir « changé la nature même de la présidence », a indiqué M. Felsenthal.
Beaucoup de commentateurs américains sur Twitter voyaient dans ce 2e prix une certaine ironie, le président américain ayant été lui même accusé de harcèlement sexuel.
Fin novembre, M. Trump avait affirmé que Time l’avait appelé pour lui dire qu’il serait « probablement » renommé cette année, mais qu’il avait « décliné » l’offre.
Edward Felsenthal a cependant affirmé mercredi que Time n’avait « pas dit +probablement+ », d’autant que le mouvement anti-harcèlement avait déjà été sélectionné avant l’appel.
Le choix de Time reflète l’ampleur des répercussions du mouvement anti-harcèlement aux Etats-Unis et au-delà via les réseaux sociaux, avec notamment #Balancetonporc ou #YoTambien.
Depuis les premières accusations publiées par le New York Times et le New Yorker contre le tout-puissant producteur de cinéma Harvey Weinstein début octobre, pas un jour ne passe sans qu’une personnalité ne soit accusée de harcèlement ou d’abus sexuels.
Les hommes de pouvoir des milieux du divertissement, des médias, de la culture et de la politique sont en première ligne, mais les témoignages touchent tous les secteurs, de Wall Street à la Silicon Valley, en passant par la gastronomie ou l’agriculture.
Parmi les stars déchues des dernières semaines figurent des vedettes comme l’acteur Kevin Spacey, les journalistes Charlie Rose ou Matt Lauer, le directeur artistique de Disney John Lasseter, le chef d’orchestre James Levine, ou des ténors de la politique américaine comme le doyen de la Chambre des représentants John Conyers, qui a démissionné mardi, et le sénateur Al Franken, qui pourrait annoncer sa démission jeudi.
L’homme politique ultra-conservateur Roy Moore, candidat républicain à une élection sénatoriale dans l’Alabama mardi prochain, accusé par plusieurs femmes d’attouchements dans les années 1970 et 1980, a reçu en revanche le soutien du président Donald Trump. L’affaire déchire le parti républicain.
Après les actrices Ashley Judd, Rose McGowan, Angelina Jolie début octobre, plus d’une centaine de femmes ont accusé Harvey Weinstein, 65 ans, d’abus sexuels, allant du harcèlement au viol.
Weinstein a à nouveau affirmé mercredi, par le biais de ses avocats, « n’avoir jamais commis d’agression sexuelle ». Il n’a pas été inculpé pour l’instant, même si des enquêtes criminelles ont été ouvertes à New York, Los Angeles et Londres.
Selon un sondage de l’institut Quinnipiac publié mercredi, quelque 47% des Américaines indiquent avoir été victime d’une agression sexuelle, sous une forme ou sous une autre.
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