Déjà prolongé une fois jusqu’au 15 avril, le confinement va se poursuivre au-delà de cette date, a prévenu l’Élysée mercredi 8 avril au soir, sans préciser la durée du nouvel allongement. Ce sera l’un des sujets d’une allocution d’Emmanuel Macron lundi soir aux Français, pour présenter ses décisions concernant la lutte contre l’épidémie durant les prochaines semaines, selon la présidence de la République.
Cette annonce est intervenue le jour où de nouvelles restrictions de déplacement sont entrées en vigueur à Paris et dans cinq autres départements franciliens. Toute activité sportive individuelle y est désormais interdite de 10 à 19 heures, face au nombre inhabituel de “joggeurs” multipliant les sorties.
“Sauvez des vies, évitez des drames humains, restez s’il vous plaît chez vous !”, a encore répété mercredi le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon.
Lourd bilan
La France a enregistré mercredi un nouveau très lourd bilan dans les hôpitaux, avec 541 décès supplémentaires en 24 heures, soit un total de 7.632 depuis début mars. S’y ajoutent 3.237 morts déjà recensés dans les Ehpad et établissements médico-sociaux (qui n’ont pu mettre à jour leurs statistiques mercredi en raison d’un “problème technique”), soit un total de 10.869 décès.
Dans les hôpitaux, 7.148 patients gravement atteints sont en réanimation, “un record absolu en France”, signe que l’épidémie “est toujours très active”, a relevé Jérôme Salomon. “C’est une situation exceptionnelle qui s’inscrit durablement dans le temps”, a réaffirmé le n° 2 du ministère de la Santé.
Récession, masques et essais cliniques
Le chef de l’État devrait également aborder lundi la situation économique et sociale. L’épidémie, qui a mis à l’arrêt une bonne partie des activités du pays, a déjà précipité la France dans une récession historique. La Banque de France a en effet estimé le 8 avril que le Produit intérieur brut (PIB) s’était effondré de 6 % durant la période de janvier à mars, soit la pire performance trimestrielle depuis 1945.
“C’est une maladie qui est beaucoup plus compliquée qu’on ne le croyait, qui touche des organes, le système nerveux, la coagulation, le cœur”
“L’impact sera considérable, il est encore beaucoup trop tôt pour l’apprécier” totalement, a mis en garde le Premier ministre Édouard Philippe devant le Sénat mercredi. Face à cette crise sans précédent, l’État se tient prêt à renflouer le capital d’Air France et de Renault, a indiqué pour sa part le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, alors que la Bourse de Paris a fini la journée à l’équilibre, après deux journées de forte hausse.
Sur le front de la recherche, les essais cliniques se poursuivent. Pour l’essai Discovery, qui porte sur quatre traitements possibles, les premières tendances ne sont pas attendues avant fin avril, selon ses promoteurs.
“C’est une maladie qui est beaucoup plus compliquée qu’on ne le croyait, qui touche des organes, le système nerveux, la coagulation, le cœur”, a décrit Gilles Pialoux, chef de service de l’unité des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Tenon, sur BFMTV et RMC.
La France poursuit aussi ses efforts pour s’approvisionner en masques, convoités par l’ensemble de la planète, où l’épidémie a fait plus de 82.700 morts. Les “commandes sûres” atteignent désormais 1,6 milliard d’unités, selon le ministre de la Santé, Olivier Véran. Après avoir été suspendu en raison du durcissement des contrôles sanitaires, le pont aérien avec la Chine pour acheminer du matériel médical et des masques reprend via Séoul. Alors que le gouvernement maintient pour l’heure sa recommandation de réserver l’usage des masques aux soignants et personnes infectées, l’association des maires de France recommande à son tour le port du masque artisanal.
Le gouvernement, qui continue à préparer l’après, planche aussi au développement d’une application sur smartphone, utilisable “sur la base du volontariat” pour identifier les personnes ayant été en contact avec une autre infectée par le coronavirus.