Les recherches ont repris dès le lever du jour lundi, avec 200 sauveteurs mobilisés, a déclaré à l’AFP un porte-parole de la police de la frontière indo-tibétaine (ITBP). Au moins 200 personnes sont portées disparues et 18 corps ont été retrouvés, a déclaré à la presse le Premier ministre de l’État de l’Uttarakhand, Trivendra Singh Rawat.
La plupart des disparus travaillaient dans deux centrales électriques sur le barrage de Richiganga. Certains sont restés coincés dans deux tunnels obstrués par les flots, la boue et des rochers. Douze personnes ont été secourues dimanche dans l’un d’eux, mais il en reste 25 à 35 coincées dans le deuxième, a précisé à l’AFP Piyoosh Rautela, responsable de l’aide aux victimes de catastrophes dans l’Uttarakhand.
Des difficultés techniques entravaient les opérations de sauvetage dans le tunnel, mais 90 m à l’intérieur ont déjà été déblayés et sont accessibles, selon Vivek Kumar Pandey, un autre responsable local. “Il semble qu’environ 100 mètres de débris à l’intérieur du tunnel doivent encore être dégagés”, a-t-il ajouté. Des chiens renifleurs ont été déployés.
“Nous étions à 300 mètres à l’intérieur du tunnel en train de travailler. Soudain, on a entendu des sifflements et des cris nous demandant de sortir”, a raconté à l’AFP Rajesh Kumar, un rescapé âgé de 28 ans. “Nous pouvions voir la sortie, quand l’eau a fait irruption. C’était comme dans un film hollywoodien. Nous avons bien cru que nous ne nous en sortirions pas”, a-t-il dit, soulagé.
Brave #Himveers of ITBP rescuing trapped persons from the tunnel near Tapovan, #Dhauliganga, #Uttarakhand this evening after 4 hrs of efforts. Total 12 persons were rescued from the tunnel out of which 3 were found unconscious. After first aid, carried on stretchers to road head. pic.twitter.com/iHsrFXjhDd
— ITBP (@ITBP_official) February 7, 2021
Crue dévastatrice
L’énorme masse d’eau a dévasté la vallée de la rivière Dhauliganga, détruisant tout sur son passage, submergeant un complexe hydroélectrique et emportant des routes et des ponts, selon les images prises par des habitants terrifiés. “Il y avait un nuage de poussière quand l’eau est passée. La terre tremblait comme lors d’un séisme”, a déclaré un habitant, Om Agarwal, à la télévision indienne. Des habitants de la région ont aussi été emportés par les eaux alors qu’ils s’occupaient de leur bétail, d’après les autorités.
Situé dans le massif de l’Himalaya, l’Uttarakhand est un État indien où débute le cours du Gange dont la rivière Dhauliganga est un confluent. Les autorités, qui ont d’abord déclaré que la rupture d’une partie d’un glacier a causé la catastrophe, évoquent à présent un éventuel phénomène de vidange brutale d’un lac glaciaire (GLOF selon l’acronyme anglais). “Cette tragédie était imprévisible”, a déclaré Trivendra Singh Rawat. “Si l’incident s’était produit le soir, après les heures de travail, la situation n’aurait pas été aussi grave, car les ouvriers et les travailleurs des chantiers et des environs auraient été chez eux”.
Les autorités ont vidé deux barrages pour empêcher les eaux en furie de gonfler le Gange dans les villes de Rishikesh et Haridwar. Elles ont interdit aux habitants des deux villes de s’approcher des rives du fleuve sacré. Les villages dans les montagnes surplombant la rivière ont été évacués et les autorités ont assuré dimanche soir que le plus gros du danger d’inondation était passé.
L’Himalaya menacé par la hausse des températures
Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a présenté dimanche ses condoléances aux familles des victimes et à l’Inde tout entière, se disant “profondément attristé”, selon son porte-parole. “Les Nations Unies sont prêtes à contribuer aux efforts de sauvetage et d’assistance en cours si nécessaire”. Un peu plus tôt, le Premier ministre indien Narendra Modi a dit suivre les opérations de secours. “L’Inde se tient aux côtés des habitants de l’Uttarakhand et la nation prie pour la sécurité de tous dans cette région”, a-t-il tweeté.
Quatorze glaciers surplombent la rivière dans le parc national entourant la montagne Nanda Devi. Ils font l’objet d’études scientifiques, en raison du changement climatique et la déforestation qui accroît les risques de rupture. La fonte d’un quart de la glace de l’Himalaya observée ces quatre dernières décennies est imputable à la hausse des températures.
En 2013, des inondations dévastatrices dues à la mousson avaient tué 6000 personnes dans l’Uttarakhand, suscitant des appels à y revoir les projets de développement surtout dans les zones isolées comme celle du barrage de Rishi Ganga.