Les Beaux jours de Kayan : le Liban de Michèle M. Gharios

Le Liban est un pays synonyme de tragédie. Entre quelques périodes où il a connu des accalmies salvatrices, ces dernières décennies il n’a pratiquement connu que la guerre. Et que font ses habitants ? Eh bien, ils trouvent le temps de s’aimer. Et c’est l’histoire de Véra et Jules que nous narre Michèle M. Gharios dans “Les Beaux jours de Kayan”.

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Le Liban, un pays meurtri, meurtri d’avoir trop souffert de la guerre, des guerres qui ont parsemé son histoire. Les populations n’avaient d’autre choix que de prendre les armes ou s’exiler. Entre 1975 et 1990, c’est une guerre civile qui a laissé un pays exsangue, des milliers de morts et des milliers d’exilés, où on ne savait plus qui combattait qui. C’est dans ce contexte que sont nés Véra et Jules, les héros des Beaux jours de Kayan.

Ils appartiennent tous deux à la communauté chrétienne, mais l’auteur ne s’attarde pas sur leur religion, comme pour dire que le Liban est uni, indépendamment de l’appartenance à telle ou telle minorité, dont le Liban compte des dizaines. Et à l’image du pays, les deux héros vont souffrir dans leur vie, dans leur intimité et dans leur quotidien. On peut dire que la vie ne les a pas épargnés.

«Les beaux jours de Kayan»

Michèle M. Gharios

135 DH

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Véra d’abord, qui doit quitter Beyrouth sous les bombes pour se réfugier au loin dans un hôtel où elle rencontre Jules, dont l’amour va compenser l’absence du père et les malheurs de sa famille. Jules n’est pas épargné par les malheurs non plus. A l’image du Liban, il passe de tragédie en tragédie, après avoir pris les armes contre ses compatriotes pendant la guerre civile et d’en avoir gardé les cicatrices, la seule lumière de sa vie jaillit de Véra, avec laquelle il mène une vie paisible malgré les drames qu’il endure.

Ce pays endolori, sorti de la guerre de 1975-1990, doit encore subir d’autres drames et non des moindres, dont plusieurs confrontations avec l’ennemi de toujours, Israël. Il doit en plus ouvrir ses portes à d’autres damnés de la terre, entre Palestiniens, Arméniens, Irakiens, ou plus récemment les Syriens.

Entre Libanais et Syriens

Cousins séparés par l’histoire, les Syriens n’ont pas hésité à se réfugier au Liban, qui accueille le plus grand nombre d’entre eux en pourcentage de la population, suite à l’éclatement de la guerre civile dans ce pays. C’est là que Halim le Syrien débarque au Liban avec toute sa famille. C’est dire le nombre de fois où ce pays est sollicité pour accueillir toute la misère du monde. Et ce n’est pas terminé.

Véra et Jules traversent tous ces événements sans que leur relation en souffre. Un peu normal quand on ne voit que de la souffrance autour de soi. Vont-ils s’en sortir ? Vont-ils s’aimer ? Est-ce vraiment de l’amour ? Vont-ils avoir des enfants ? Et à quoi bon avoir des enfants dans un pays qui ne peut rien leur garantir ? Toutes ces questions, l’auteure y répond en faisant le parallèle avec l’histoire de son pays. Et l’histoire de Véra et Jules, c’est l’histoire du Liban. Jusqu’à ce jour béni où Kayan, fils de Halim le Syrien, apparaît dans sa vie, comme pour affirmer que malgré les défaites, les guerres et les bombes, l’espoir continue.

La manière dont l’auteure mène son récit est prenante : tout en parcourant l’histoire du Liban, elle narre le quotidien de ses deux héros, frappés par la tragédie et unis malgré tout. Le Liban réussira-t-il un jour à vivre en paix ? Certainement le jour où les Libanais seront des Libanais et non chrétiens, sunnites, chiites ou autres. Véra et Jules se sont bien supportés, pourquoi pas les Libanais ?

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