Vaccination : il y a 80 ans, le Maroc au temps du typhus

Vaccination : il y a 80 ans, le Maroc au temps du typhus

Le niveau de vie des Marocains étant peu enviable, ils étaient des proies faciles pour des microbes prêts à en découdre, et qui trouvaient des vecteurs à leur disposition pour essaimer.

C’est ainsi que le typhus était transmis par les poux, denrée dont on ne peut dire qu’elle était rare en ces temps-là. D’où la vitesse de propagation vertigineuse de cette maladie. Le protectorat devait donc se retrousser les manches et se mettre au travail pour lutter contre ces fléaux qui risquaient de toucher ses propres colons.

Pendant l’hiver 1914, le typhus frappe le Maroc. C’est une maladie véhiculée par les poux. Il était certes moins fatal que la peste mais avait la particularité de se propager à une grande vitesse, à Casablanca, Salé, Kénitra et plus particulièrement Rabat.

La forme la plus meurtrière apparaît en 1927-1928. Durant les dernières semaines de l’année 1941 et le début de 1942, l’Afrique du Nord va assister à un nouvel épisode de ce fléau. En 1941, on compte 6300 cas sur l’ensemble des territoires algérien, marocain et tunisien.

Les chiffres augmentent de manière vertigineuse au début de l’année 1942. Le protectorat ne ménage aucun effort pour contrer la propagation de la maladie et protéger ses ressortissants ainsi que les populations indigènes. Si les symptômes de la peste et le paludisme étaient évidents, le diagnostic du typhus allait donner du fil à retordre aux staffs médicaux du protectorat.

Maîtriser la propagation

La maladie a trouvé un terrain propice pour se propager parmi les habitants, le bas niveau économique, le manque de savon et de produits alcalins pour l’hygiène et la propreté du linge, la multiplication des contacts dans les transports en commun en sont les causes principales.

Pour le diagnostic, les médecins utilisaient une trousse d’hémodiagnostic fabriquée par les laboratoires Dausse (prestigieux laboratoire français fondé en 1834) qui leur permettait de poser immédiatement un diagnostic chez un malade fiévreux sans signes de localisation. Le malade était ainsi pris en charge rapidement et placé dans les conditions sanitaires exigées.

Les médecins et infirmiers avaient pour mission de maîtriser la propagation du typhus et de la variole. Ils sillonnaient les différentes régions du Maroc pour effectuer des consultations et installer des groupes sanitaires mobiles pour vacciner les habitants.

Le Dr P. Mornas écrivait, le 29 octobre 1942, dans le Bulletin de l’Institut d’hygiène au Maroc : “Lorsque le médecin se rend chez un indigène dans le but de rechercher la cause d’un décès, il arrive trop souvent qu’il se trouve en face d’une énigme impossible à résoudre.

A défaut de pouvoir poser un diagnostic précis, il y a lieu pourtant d’éliminer les affections épidémiques. Si les ponctions d’organes permettent de déterminer presque sûrement le paludisme et la peste, percer le mystère du typhus restait jusqu’à maintenant une tâche très ardue.”

Plusieurs régions du royaume ont été considérablement touchées par l’épidémie du typhus, comme Rabat, Casablanca, Marrakech ou Safi, et le constat est amer du côté de Tafilalet et le Souss. Des opérations massives de désinfection et d’épouillage ont été opérées par les groupes sanitaires mobiles et les sections de prophylaxie afin de pallier le manque flagrant de règles d’hygiène sanitaire au niveau d’une large frange des populations locales à cause de leur situation économique.

Des missions de prophylaxie générale partent ainsi en renfort sept mois durant dans les régions qui manquent de personnel qualifié et s’occupent également d’assurer une campagne préventive de vaccination et de désinfection des zones encore indemnes. Crédit photos : AFP