Enquête. Le travail, c’est la santé ?

Selon Me Mrini, le salarié peut refuser de travailler dans des conditions qui ne garantissent pas son intégrité physique. Crédit: AFP

Une étude récente sur la santé des ouvrières, menée par deux sociologues, rappelle à quel point les conditions de travail usent des travailleuses fatiguées et frustrées.

Les chercheurs Hassan Rachik et Jamal Khalil ont réalisé une étude forte qui nous renseigne sur la condition ouvrière, intitulée “Corps, santé et pénibilité du travail des ouvrières à Casablanca”. Réalisée auprès de 1197 travailleuses, dont la moyenne d’âge est de 29 ans, l’étude sonne comme une piqûre de rappel. Premiers éléments : 18% d’entre elles sont analphabètes, quasiment aucune n’a effectué d’études supérieures, et seules 1,3% d’entre elles suivent des formations pour l’alphabétisation. La quasi-totalité de ces ouvrières sont des exécutantes et seules 2% ont un savoir-faire technique. Toutes vivent une grande frustration, car elles souhaiteraient exercer un autre métier que le leur. Ensuite, l’étude se penche plus précisément sur les relations entre santé et travail. Plus de la moitié des ouvrières interrogées le disent tout de go : le travail qu’elles effectuent est “au-delà de leur capacité physique”. Avant même le salaire, leur mécontentement vient de la pénibilité et des horaires de travail. Les maladies qui préoccupent le plus les ouvrières sont les allergies, la surdité, les rhumatismes, les varices et la migraine, et peuvent être reliées à leurs conditions de travail : station debout, humidité, pollution, bruit… Privées dans leur majorité du suivi par un médecin du travail, la plupart ne consultent un médecin que lorsque la maladie semble grave ou dure trop longtemps.

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