Kamal Lahbib : « Les associations ne sont pas au service de l’Etat »

Pourquoi avoir quitté le débat sur la société civile organisé par l’Etat ?

Nous nous sommes retirés parce qu’il s’est montré dirigiste. Il a affiché des velléités de contrôle, alors même que l’idée d’un débat national n’est pas née dans les hautes sphères mais au sein même du monde associatif. Mais nous ne restons pas inactifs pour autant, nous menons des consultations parallèles. Plus de 2500 activistes y participent, parmi lesquels des figures du monde associatif. Nous reprenons plus ou moins la philosophie présentée dans l’Appel de Rabat, rédigé en 2012, 
qui avait été signé par des centaines d’ONG. Déjà à l’époque, nous avions souligné l’importance de l’autonomie de la société civile.

Comment comptez-vous influer sur les pouvoirs publics pour qu’ils prennent en compte vos alternatives ?

A la mi-novembre, nous avons clos des rencontres régionales. Début décembre, nous nous retrouvons pour les « débriefer ». Par la suite, nous nous pencherons sur des axes précis : le manque d’infrastructures et de ressources financières dont souffrent les associations en premier lieu. De ce travail, nous pourrons tirer des pistes pour des réformes que nous présenterons à la presse, aux parlementaires et aux partis. Nous mettrons en plus la pression pour que soient actées les mesures relatives aux associations, prévues par la Constitution, notamment le droit de pétition et d’évaluation des politiques publiques. La trame de fond reste le tracé de frontière nécessaire entre l’action étatique et l’action associative, pour qu’elles puissent être complémentaires.

Craignez-vous pour l’indépendance du milieu associatif ?

Bien que les autorités veulent imposer leur vision, je reste confiant. Plus que jamais, les associations se montrent combatives. Elles assument le fait qu’elles ne sont pas -et ne doivent pas- être des prestataires de service de l’Etat. Tirant les conclusions de leur action, de nombreuses ONG militent pour la démocratisation ou encore pour l’accès à l’espace public et le droit de manifester. Ce sont des combats audacieux et importants.

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