Le système de santé marocain à l’agonie

Dans son rapport publié le lundi 9 décembre, le Conseil Economique Social et Environnemental  tire la sonnette d’alarme. Le système de santé traine de lourds handicaps : discrimination, déficit en personnel, faible accessibilité aux soins, etc. Explications.

Seul un marocain sur quatre vit à moins de 10 kilomètres d’un établissement de soins de santé de base. C’est l’un des nombreux constats dressés par le Conseil Economique Social et Environnemental (CESE) qui, un peu plus d’un an après avoir été saisi par le chef de gouvernement, a rendu public son avis sur les soins de santé de base au royaume. Ces conclusions ont été tirées suite à l’analyse d’une centaine de sources bibliographiques, la visite de 35 institutions dédiées à la santé dans les régions de Souss-Massa-Draa et Al Hoceima.

Un système de prévention déficient

Bien que le système de prévention des maladies transmissibles soit bon,  certaines maladies non transmissibles telles que le  diabète sont laissées de cote dans les campagnes de prévention. Ces maladies non transmissibles sont pourtant « responsables de 75% des décès » et ont « des conséquences économiques et sociales particulièrement lourdes ». Pour remédier à ce problème, le Conseil recommande la mise en application «  du Plan d’action mondial de lutte contre les maladies non transmissibles 2013-2020, qui comprend un ensemble de mesures pour promouvoir une alimentation saine et l’exercice physique ».

Les migrants subsahariens et les femmes sont les populations ayant le moins accès aux soins de base

L’égalité ne règne pas en matière de soins. Les migrants subsahariens souffrent d'inégalité lorsqu'il est question de se soigner alors qu'ils  vivent dans des conditions précaires.  Au vu de la violence « criminelle et institutionnelle à laquelle ils sont exposés », ces derniers ont besoin de « soins médicaux et psychologiques, qui ne sont pas pris en charge à l’heure actuelle ». L’organisme présidé par Nizar Baraka recommande de garantir l’accès aux soins aux personnes en situation irrégulière, car « le Maroc n’est plus un pays de transit mais un pays de destination ».

Les femmes  sont elles aussi plus  touchées par le manque d’accessibilité  aux soins de base. Ce qui engendre des taux de mortalité maternelle et néonatale élevés, « une situation inacceptable car 92% des décès peuvent être évités » note le rapport.  Une grande part de la gent féminine est trop éloignée des maisons d’accouchement, ce qui forcerait une femme sur deux en milieu rural à accoucher chez elle. Un problème qui pourrait toutefois être solvable, selon le CESE, via la création de la « spécialité médecin obstétricien […] qui permettrait de surmonter la pénurie de gynécologues obstétriciens et d’accélérer la réduction du taux de mortalité maternelle et néonatale ».

Déficit aigu en personnel médical  

Le recrutement des médecins est justement l’un des soucis majeurs du système de santé. « Il est difficile pour certains médecins de vivre dans des régions reculées. Certains cherchent dès leurs arrivées dans celles-ci  à préparer des concours en vue de revenir sur les centres urbains » remarque Hakima Himmich, présidente de l’Association de Lutte contre le Sida (ALCS), qui a participé à l'élaboration du rapport.

Autre problème : le manque de personnel médical. « Le Maroc est l’un des 57 pays ayant un déficit aigu au niveau du personnel médical » constate la présidente de l’ALCS. Un déficit qui s’illustre par une statistique inquiétante : « le nombre de médecins pour 10 000 habitants est à peine de 6,2 et ne satisfait pas aux normes de l’Organisation Mondiale de la Santé ».

Rejoignez la communauté TelQuel
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous

Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer