Acier. Sekkat fait des mécontents

Acier. Après avoir arraché une clause de sauvegarde provisoire, le PDG de Maghreb Steel est accusé par ses clients de pratiques monopolistiques. Saisi, l’Etat doit trancher dans deux semaines.

La protection accordée par l’Etat à Maghreb Steel ne plaît pas à tout le monde. A commencer par ses clients. Les producteurs de tubes, les fondeurs, les spécialistes de la construction métallique ou encore les chaudronniers craignent désormais le face-à-face avec l’entreprise de Fadel Sekkat. « En bloquant l’importation d’acier, l’Etat a accordé un monopole de fait à Maghreb Steel. Et nous devons désormais subir son diktat », signale un client de la société.

Ce diktat a déjà commencé à se manifester, notamment au niveau des délais de paiement ou de livraison, devenus trop serrés ou trop longs. Mais tout cela reste gérable. Aujourd’hui, les opérateurs craignent surtout une augmentation subite des prix. Un scénario qui risque de mettre à mal toute la filière de l’acier (voir infographie). Car si l’Etat a protégé la matière première, il a laissé grandes ouvertes les vannes de l’import du produit fini. Du coup, les industriels ne peuvent pas répercuter la hausse des prix de l’intrant sur leur prix de vente, au risque de se voir attaquer par la concurrence étrangère. « La matière première représente entre 70 et 80% de nos prix de vente. Si l’unique fournisseur augmente ses prix, je vais arrêter la production et licencier mes ouvriers, pour importer directement le produit fini. Ce sera plus intéressant pour mon business », menace ce tubiste.

Demain la confrontation

Pour le PDG de Maghreb Steel, tout cela n’est que du baratin. « Le prix de l’acier n’est pas figé. Il bouge tout  le temps en fonction du marché international. Le plus important, c’est que nous n’avons pas touché à nos marges, et nous ne le ferons pas », rassure Fadel Sekkat, qui nie en bloc les accusations de monopole. « L’Etat a certes freiné les importations sur certains marchés, mais la Turquie et l’Egypte sont toujours exonérées de droits de douane. Et il n’y a pas eu de mesure anti-dumping non plus sur les marchés russe et ukrainien », explique le PDG de Maghreb Steel. Insensibles à cet argumentaire, les clients de la société, réunis sous la bannière de l’Association de fabricants de tubes et de profilés (Afatube) et la Fédération des industries métallurgiques, mécaniques et électromécaniques (Fimme), ont déjà saisi le ministère du Commerce et de l’Industrie et celui des Finances pour les sensibiliser à la question, en attendant le grand rendez-vous : la confrontation publique prévue dans deux semaines dans les locaux du ministère du Commerce et de l’Industrie entre les Sekkat, leurs clients, les importateurs et autres exportateurs d’acier plat. A suivre.   

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