(Crédit photo : Rachid Tniouni)
L’Histoire contemporaine du Maroc n’a pas encore livré tous ses secrets. Le fondateur du mouvement populaire, Mahjoubi Aherdane vient de publier la première partie de ses mémoires, et révèle un pan de l’histoire nationale encore méconnu. Ce premier témoignage couvre la période de 1942 à 1961, depuis la lutte pour l’indépendance jusqu’au décès du Roi Mohammed V. Pas encore disponible en librairie, le livre crée déjà la polémique. Explications en trois points.
Mahjoubi Aherdane : « Oufkir était un patriote »
Avant même sa sortie et dès la conférence présentant le livre, Aherdane n’a pas tardé à jeter un pavé dans la mare. En effet, l’ancien combattant de l’armée n’hésite pas à prendre la défense du général Oufkir, principal auteur de la seconde tentative de putsch contre le Roi Hassan II. « Que savez-vous d’Oufkir ? Oufkir était un patriote, c’était un officier qui avait un bon niveau», déclare-t-il devant un parterre de journalistes dans sa villa du quartier Souissi de Rabat. Des déclarations qui ont aussitôt suscité une réaction violente de Mohammed Larbi Messari, ancien ministre de la communication. Dans une déclaration à notre confrère Akhbar Al Yaoum , Messari a qualifié les dires de Aherdane de ceux d’un « drogué », et non d’une personne saine d’esprit. Selon l’ex-ministre, ce qui a été dit concernant Oufkrir de la part d’Aherdane n’est autre « qu’une solidarité entre anciens combattants ayant servi dans l’armée française et sous le même drapeau.»
Mahjoubi Aherdane : « Mehdi Ben Barka était un traitre »
De grandes figures de l’histoire contemporaine du Maroc ne sont pas épargnées dans le livre d’Aherdane. Les révélations faites sur Mehdi Ben Barka ne sont pas glorieuses pour ce dernier. Dans l’affaire de l’assassinat du résistant rifain Abbas Messaâdi, Mahjoubi Aherdane n’implique pas directement Ben Barka mais soutient que l’ancien leader de la gauche marocaine aurait refusé d’aider Messaâdi, en lui fermant la porte de son domicile et le menaçant d’appeler la police. Une version que Bensaid Aït Idder conteste. Il a ainsi déclaré à notre confrère Akhbar Al Youam, que ce sont des allégations non fondées. Mahjoubi Aherdane soutient aussi que l’assassin de Abbas Messaâdi serait toujours en vie, et coule des jours heureux à Casablanca.
Allal El Fassi : « Qu’ils meurent en écoutant de la musique arabo-andalouse ! »
Mahjoubi Aherdane s’en prend aussi à Allal El Fassi, à travers une anecdote qu’il rapporte. Un jour, alors que l’ancien leader de l’Istiqlal jouait et écoutait de la musique andalouse en compagnie de ses camarades, Abdelkrim El Khatib était venu vers lui en lui demandant « comment peux-tu jouer de la musique, alors qu’il y a des gens qui meurent juste à côté ? ». Près de la fête organisée en l’honneur d’Allal El Fassi se trouvait un centre de détention du nom de Dar Bricha. L’ancien leader de l’Istiqlal aurait répondu aux reproches de Khatib : « qu’ils meurent en écoutant de la musique arabo-andalouse! ». Anecdote qui, selon l’auteur, révèle « le manque de respect dû à la vie humaine mais aussi à la dignité des citoyens de la part d’Allal Fassi. » Un jugement très sévère de la part d’Aherdane qui était considéré à l’époque comme un ennemi de l’Istiqlal.
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