Comment contourner la censure sur Internet ?

Depuis l’entrée en Irak des hommes de l’EIIL, les communications sont difficiles. Comment les Irakiens contournent la censure ?

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Crédit : AFP

Avant tout, il faut comprendre que l’Internet mondial, dit « classique », ne garantit pas l’anonymat. Dès qu’une connexion à un réseau via un ordinateur personnel est établie, n’importe qui peut remonter très rapidement à l’ordinateur grâce à son adresse IP, qui est unique.

Il y a quelques années, le réseau Tor est apparu. Logiciel gratuit, il permet de rendre anonymes tous les échanges Internet. Ces dernières semaines, avec l’arrivée de l’EIIL en Irak, l’utilisation de Tor a connu une hausse considérable :

TORiraq

 

Pour Amaelle Guiton, journaliste et auteure de l’ouvrage Hackers, au cœur de la résistance numérique, l’augmentation de l’utilisation de Tor n’est pas étonnante, mais à prendre avec du recul : « d’après le graphique de TorMetrics, on n’est qu’à 7 000 utilisateurs quotidiens, ça n’est pas énorme. Qui plus est, aujourd’hui avec la simplicité d’installation et d’utilisation de Tor qui s’est démocratisé ».

Objectif : ne pas être localisé

Ce réseau est-il donc sûr à 100% pour les cyberdissidents ? Pas tout à fait. Car si les autorités ne peuvent pas voir ni déchiffrer ce qui se passe sur Tor lorsqu’un utilisateur s’y connecte, elles peuvent néanmoins savoir que cet utilisateur y est connecté. Pour Amaelle Guiton, il y a une manière de se protéger au maximum des autorités, en utilisant les « bridges » de Tor, qui permettent de délocaliser son ordinateur afin ne pas être localisable. Mais si Tor reste un must have en termes d’anonymisation sur la toile, il n’en reste pas moins qu’« aucun outil technique ne répond à toutes les problématiques de sécurité qu’un utilisateur est amené à se poser », selon elle.

Une appli mobile pour échanger en sécurité

FireChat, une application mobile cette fois-ci, est apparue en Irak ces derniers jours et fait un véritable tabac. Cette appli permet d’échanger des messages en temps réel depuis son smartphone même lorsque l’accès à internet ou au téléphone est coupé, ou censuré. Interviewé par France 24, Christophe Daligaut, le vice-président de OpenGarden, la société créatrice de cette application, assure que « FireChat a été téléchargé plus de 40 000 fois en une semaine, rien qu’en Irak ».

Le secret de cette application ? La connexion bluetooth des smartphones. Chacun des utilisateurs de FireChat sert en fait de relais pour les autres. Donc plus il y a d’utilisateurs, plus le réseau peut être actif. C’est une qualité, mais aussi une limite à cette application. Car si un usager se retrouve isolé à plus de 70 mètres d’un autre utilisateur, il ne pourra pas communiquer. D’ores et déjà, de nombreux hackers tentent de tester les limites de cette application afin d’assurer sa viabilité sur le long terme.

En Irak son utilisation est en pleine expansion pour se tenir informé de l’évolution des combats, ou prendre des nouvelles de ses proches dans des zones où les réseaux de communication classiques sont de plus en plus bridés par les nouvelles autorités du pays.

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