Le gouvernement français dévoile son plan contre l'antisémitisme et l'islamophobie

Le gouvernement français lance ce 17 avril un plan de lutte contre le racisme, l'antisémitisme et l'islamophobie dont la progression est « insupportable », trois mois après les attentats terroristes de Paris.

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Photo d'illustration. Crédit: AFP/ Bruno Fahy

« Le racisme, l’antisémitisme, la haine des musulmans, des étrangers, l’homophobie augmentent de manière insupportable» en France, a déploré ce vendredi 17 avril  le Premier ministre français Manuel Valls en englobant diverses formes d’intolérance qui fracturent la société française. Il a assuré que son gouvernement entendait «ne plus rien laisser passer».

« Dans une France travaillée par le populisme, notre devoir est d’organiser le sursaut », a-t-il ajouté, alors que l’extrême droite séduit de plus en plus de Français dans la foulée de l’entreprise de dédiabolisation du Front National engagée par sa présidente Marine Le Pen.

«Les Français musulmans ne doivent plus avoir honte d’être musulmans»

«Les Français juifs ne doivent plus avoir peur d’être juifs» et «les Français musulmans ne doivent plus avoir honte d’être musulmans», a martelé le Premier ministre, qui avait choisi d’annoncer son plan à Créteil, une ville de la banlieue est de Paris où un couple de confession juive avait été agressé à son domicile le 1er décembre.

Le plan gouvernemental promis par le président François Hollande après les attentats de Paris comporte une quarantaine de mesures articulées autour de la justice, de l’école et d’internet. Les plus emblématiques concernent la répression des propos racistes qui ne relèveront plus «du droit de la presse mais du droit pénal», plus répressif. Le caractère aggravant du racisme lors de crimes et de délits «sera en outre inscrit dans le droit pénal». Le plan prévoit aussi la mise en place d’une «unité de lutte contre la haine sur internet» et l’obligation pour les hébergeurs de contenu à «disposer d’une représentation juridique en France».

Cent millions d’euros seront consacrés à ce plan sur trois ans, notamment pour financer une grande campagne de communication et des actions au niveau local, ont précisé ses services. Enfin à l’école la formation des enseignants sera renforcée, les chefs d’établissements seront incités à signaler les incidents et des visites de «lieux de mémoire» seront organisés tout au long de la scolarité.

Explosion des actes antimusulmans et antisémites

«C’est par l’éducation, la pédagogie et la compréhension de l’autre qu’on peut contrer les clichés et les images négatives», a souligné Manuel Valls, qui a visité le lycée Léon Blum de Créteil, où étudient des élèves de toutes origines. «Nous, avec Najat Vallaud-Belkacem, il se trouve que nous sommes nés à l’étranger tous les deux», a déclaré aux lycéens le Premier ministre, d’origine espagnole, alors que la ministre de l’Education qui l’accompagnait est née au Maroc. «Vous, vous êtes tous d’origines différentes, et ça c’est une force» et la France s’est «bâtie progressivement avec des apports venus de l’extérieur», a-t-il rappelé.

François Hollande avait fait de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme une «grande cause nationale» après l’émotion suscitée par l’agression de Créteil. Des petits malfrats avaient pénétré de force dans un appartement et séquestré le couple de confession juive dont la jeune femme avait été violée. Le climat s’est encore dégradé avec les attentats meurtriers des 7, 8 et 9 janvier commis par de jeunes Français au nom du jihadisme: attaque contre le siège de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo (12 morts), meurtre d’une policière, assassinat de quatre juifs lors d’une prise d’otages dans un magasin casher.

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Depuis, les actes antimusulmans ont explosé: au premier trimestre de cette année, selon l’Observatoire de l’islamophobie (dépendant d’organisations musulmanes), 226 actes antimusulmans (agressions, menaces, dégradations de mosquées) ont été recensés, soit six fois plus que sur la même période de l’an dernier.

Le nombre d’actes antisémites avait pour sa part doublé l’an dernier par rapport à 2013, et l’émigration des juifs de la France vers Israël a plus que triplé entre 2012 et 2014. Dans un rapport, la Commission nationale consultative des droits de l’Homme a récemment souligné le maintien en France de forts préjugés antimusulmans, antisémites et anti-Roms.

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Par Martine Nouaille, Claire Gallen

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