Airbus tente d’attirer ses sous-traitants au Maroc

Stelia Maroc, filiale d’Airbus, arrive progressivement à convaincre ses sous-traitants de s’installer au Maroc. L’ouverture d’une nouvelle usine en juillet prochain devrait être un argument de taille.

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Crédit AFP

«Sur les 10 000 emplois du secteur de l’aéronautique au Maroc, une grande majorité est liée à Airbus», assure El Ghali Ouarti, marketing manager d’Airbus pour la région Afrique Moyen-Orient, lors d’une conférence organisée à l’occasion du Marrakech Air Show. Il faut dire que la filiale marocaine de l’aviateur européen, Stelia Maroc (ex-Maroc aviation, existante depuis 1951), emploie 420 personnes et collabore avec une centaine de sous-traitants.

«En 2015, nous avons fait visiter le Maroc à nos sous-traitants installés en Europe. Nous essayons de les attirer pour essayer de développer un écosystème autour de la nouvelle usine», explique Jamal Eddouhbani, directeur général de Stelia Maroc. Une nouvelle usine (dépendant d’une nouvelle filiale nommée Acam pour bénéficier des avantages fiscaux offerts par l’État marocain) située dans la zone du MidParc de Nouaceur devrait être opérationnelle en juillet 2016. Elle sera en charge de la fabrication du métallique alors que l’usine historique se chargera de la partie composite.

«Plusieurs sous-traitants ont concrétisé leur décision et plusieurs dossiers sont en cours de concrétisation», assure le directeur général de la société qui a réalisé un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros en 2015. «Ceux qui ne viennent pas tout de suite attendent juste de voir comment cela se passe pour les autres. Mais ils viendront un jour», prophétise l’industriel. Des négociations seraient d’ailleurs en cours pour l’installation d’un sous-traitant peinture juste à côté de la nouvelle usine.

Et le sourcing alors ? Pour le moment, sur 500 références de fournitures, 275 sont construites au Maroc. Mais Stelia l’assure, elle s’approvisionne de plus en plus localement. «Nous sommes bien sûr preneurs», assure Jamal Eddouhbani, puisque d’après les chiffres, acheter local offre des gains entre 30 % et 60 % selon les pièces. Parmi les pièces sortant de cette usine : les sièges, les coffres à bagages, ou encore une partie des trains d’atterrissage. Certaines sont exclusivement construites au Maroc. Pour Fouad Attar, président Airbus pour le Moyen-Orient, il existe maintenant un vrai Airbus made in Morocco«À chaque fois que vous voyez un Airbus voler, il y a du marocain dedans», nous explique, pas peu fier, ce Marocain.

Plein gaz sur la formation

Le secteur emploie du personnel qualifié. Une grande partie est formée à l’Institut des métiers de l’aéronautique (IMA), un institut financé par l’État et les industriels. En 2015, 1 000 personnes sont sorties de l’école leur diplôme en poche. Des techniciens y sont formés, mais les industriels peinent à trouver des agents de maîtrise, encore trop rares au Maroc. Si les entreprises déjà installées comme Stelia peuvent ainsi former et promouvoir en interne, ce manque peut s’avérer problématique pour les nouveaux investisseurs, surtout que le royaume n’est pas le seul à courtiser les industriels, et la concurrence est rude.

Le Maroc offre des avantages fiscaux aux industriels du secteur mais pour Airbus, le point noir reste la RAM, qui préfère toujours s’approvisionner chez le concurrent américain Boeing. Or, les “deals” sont habituels : une compagnie nationale s’engage à acheter des avions si l’industriel s’implante. Certaines compagnies le précisent même dans leurs appels d’offres, comme Air Algérie par exemple. «Quand des pays achètent beaucoup d’avions, on doit leur donner une certaine activité qu’on ne va pas donner au Maroc. Ces pays récupèrent une sous-traitance, même s’ils sont plus chers» explique Fouad Attar.

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