À l’oreille, c’est sa voix rock et suave qui accroche les auditeurs aux Experts, sur les ondes d’Atlantic Radio, tous les matins de 10 heures à midi. De visu, c’est sa gamme de lunettes branchées et sa tignasse poivre et sel qui rendent le personnage emblématique, sur le tapis rouge du Festival du film de Marrakech ou sur le plateau de 60 minutes pour comprendre. Sur le petit écran ou dans l’autoradio, Faïçal Tadlaoui marque aussi par son ton décontracté qui rafraichit le paysage audiovisuel marocain.
Avec une nouvelle émission baptisée « Vue d’en haut » et dont le premier épisode a été diffusé sur YouTube le 5 juin, le journaliste vedette investit aussi le web. Après une phase de test et d’ajustement pendant le mois de ramadan, le concept prendra d’ici septembre la forme d’une émission quotidienne de 12 minutes, diffusée sur YouTube et une application mobile, pour « une analyse sociale, culturelle et politique de ce qui fait l’actualité nationale et internationale« , promet le teaser.
Faïçal Tadlaoui présente son nouveau bébé « dans la continuité de ce qu’[il] faisait sur Médi1. » En compagnie d’une poignée d’invités, sur un plateau moderne, Faïçal Tadlaoui y analysait depuis septembre 2015 l’actualité nationale et internationale dans le premier talk-show francophone d’actualité au Maroc. Le journaliste n’a jamais eu de contact avec l’équipe de Hassan Khyar qui a succédé à Abbas Azzouzi l’an dernier à la tête de la chaîne qui émet depuis Tanger, et l’émission a donc été déprogrammée. Le dernier numéro de 60 minutes pour comprendre a été diffusé le 1er juin 2016 sur Médi1TV. « On ne m’a jamais annoncé la fin de l’émission. Je n’en connais toujours pas les raisons« , explique Tadlaoui, quelques heures avant la diffusion sur YouTube de sa nouvelle émission « Vue d’en haut« .
Sur le web, la forme change tout de même radicalement. Dans un simple studio au fond au noir dont on perçoit quelques échos au micro, avec pour seul décor deux empilements de cubes qui rappellent les Twins de Casablanca, le réalisateur Rachid Kdich, proche de Faïçal Tadlaoui, joue avec cinq plans de caméras, dont une au zénith, pour capter l’internaute. Tohu-Bohu et K4 signent une coproduction minimaliste, mais soignée, après un teaser très rock and roll.
La petite table noire autour de laquelle s’installent Faïçal Tadlaoui et ses invités crée une proximité qui pousse au débat. Dans le premier épisode, consacré aux évènements d’Al Hoceima, Nabila Mounib et Aziz Boucetta n’y coupent pas. « Vous aussi en tant que chef de parti vous auriez pu y aller« , fait remarquer le directeur du Panorapost.com à la secrétaire générale du Parti socialiste unifié (PSU). « Je vais y aller« , lui répond Nabila Mounib. Puis de nouveau, en fin l’émission, Aziz Boucetta charge sa co-invitée: « Ce que j’adore en vous Nabila Mounib, c’est que vous arrivez toujours à revenir à cette question de monarchie parlementaire, même quand ce n’est pas le sujet« . Réaction immédiate de l’intéressée, obligeant leur hôte à intervenir pour conclure: « Je peux en placer une là ou pas ?« .
Le groupe Eco Médias (L’Économiste, Assabah, Atlantic Radio) est partenaire de la nouvelle émission. « Je propose les sujets, mais Eco Médias garde un droit de regard« , explique Faïçal Tadlaoui qui est épaulé par une seule journaliste, Widad Anaoua, pour la préparation des émissions. Si, en début d’émission, pour présenter son premier sujet sur les évènements d’Al Hoceima, le journaliste évoque une crise « sur fond de revendications sociales compréhensibles mêlées à des velléités indépendantistes condamnables« , Nabila Mounib a l’espace pour répondre quelques minutes plus tard : « Je suis écœurée quand j’entends ça. Ce sont des citoyens et des citoyennes marocains qui ont le droit de crier leur colère, et on n’a pas le droit de les traiter de séparatistes« .
Alors le web permettra-t-il plus de liberté qu’à la télévision ? « Sincèrement, on avait déjà de la liberté sur Médi1. On reste évidemment dans le respect total. Pour le reste, ce sera mon ton, je crois que les gens connaissent mon ton. Là où j’aurais peut-être plus de liberté, c’est sur le choix des sujets culturels notamment. En tant que musicien, c’est quelque chose qui me manque, » nous fait remarquer le journaliste guitariste et chanteur du groupe de reprises rock Africa Band. Avec cette nouvelle émission, il entend « créer un rendez-vous quotidien sur Internet » et rouvrir « la porte d’entrée sur l’actualité nationale et internationale avec un regard marocain », pour un public au Maroc et à l’étranger. La porte ouverte, l’émission pourrait aussi sortir de ses murs pour se déplacer au plus près d’évènements, culturels notamment.
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