Attentats en Espagne: une attaque plus importante se préparait bien

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Les forces de sécurité et les services de secours sont présents place de la Catalogne, à Barcelone, où une fourgonnette a percuté la foule le 17 août 2017. — Josep LAGO / AFP

La cellule jihadiste accusée des sanglants attentats de Catalogne revendiqués par le groupe Etat islamique préparait bien une attaque de plus grande ampleur, a confirmé l’un des quatre suspects interrogés mardi.

Cet homme et les trois autres survivants de la cellule ont été inculpés pour « appartenance à une organisation terroriste, assassinats terroristes, possession d’explosifs ».

Mohamed Houli Chemlal a confirmé mardi devant le juge d’instruction les déclarations qu’il avait faites en garde à vue, a indiqué à l’AFP une source judiciaire.

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Il avait alors affirmé que la cellule préparait un attentat plus important que les deux attaques de Barcelone et de Cambrils. Ces attaques jeudi et vendredi contre la capitale catalane et la station balnéaire, plus au sud, ont fait 15 morts et plus de 120 blessés, dont sept étaient entre la vie et la mort mardi après-midi.

Mohamed Houli Chemlal avait été blessé dans l’explosion d’une maison à Alcanar, au sud de Barcelone, où la cellule aurait préparé les attaques, et constitue à ce titre un suspect-clef pour les enquêteurs: il est le seul en vie dont on sait avec certitude qu’il a séjourné à cet endroit et qui puisse raconter ce que les suspects y faisaient.

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Sous les décombres, les policiers ont découvert 120 bonbonnes de gaz et des traces de substances habituellement utilisées pour fabriquer du TATP, un explosif prisé par l’EI.

Selon la police, la perte de ce laboratoire de fortune a pu pousser les suspects à recourir à des moyens plus rudimentaires.

Jeudi, Younès Abouyaaqoub, un Marocain de 22 ans, a pris le volant d’une camionnette pour faucher la foule sur les Ramblas, y faisant 13 morts, et a ensuite assassiné un automobiliste pour lui voler sa voiture.

Après quatre jours de cavale, il a été abattu lundi par la police à Subirats, à 50 km de Barcelone.

Quelques heures après le massacre sur les Ramblas, d’autres membres présumés de la cellule jihadiste (Moussa Oukabir, Mohamed Hichamy, son frère Omar Hichamy, Saïd Aallaa et Houssaine Abouyaaqoub) avaient à leur tour foncé dans la foule sur le bord de mer à Cambrils, blessant plusieurs personnes avant d’entrer en collision avec une patrouille de police, puis d’être tués par la police.

Après la mort de deux autres membres de la cellule dans l’explosion de la maison à Alcanar, l’imam marocain Abdelbaki Es Satty et en principe Youssef Aallaa (dont les restes doivent encore être identifiés officiellement), il n’en reste que quatre vivants.

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Driss Oukabir, Mohammed Aallaa, Salh El Karib et l’Espagnol Mohamed Houli Chemlal ont tous été présentés mardi matin devant l’Audience nationale, une juridiction spécialisée dans les affaires sensibles à Madrid, selon une source proche de l’enquête en Catalogne.

La police continue parallèlement à enquêter sur les possibles ramifications internationales de la cellule, notamment sur les déplacements de plusieurs de ses membres à l’étranger.

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Au moins un des suspects, dont le nom n’a pas été révélé, s’est rendu à Zurich en décembre, selon la police fédérale suisse, qui a retrouvé trace de son passage dans un hôtel de la ville. L’imam Abdelbaki Es Satty a quant à lui séjourné en Belgique entre janvier et mars 2016.

Enfin, l’Audi A3 utilisée à Cambrils a été flashée près de Paris par un radar le 12 août avec quatre personnes à son bord, selon le ministre français de l’Intérieur Gérard Collomb, qui doit recevoir mercredi à Paris son homologue espagnol Juan Ignacio Zoido.

Parmi les quatre suspects, deux sont des frères de terroristes présumés abattus: Driss Oukabir, 27 ans, frère aîné de Moussa Oukabir, un des cinq occupants de l’Audi, et Mohammed Aaalla, 27 ans, le propriétaire de l’Audi, dont le frère Said, âgé de 18 ans, était à bord du véhicule.

Le père de Mohammed Aallaa a déclaré à l’AFP que son aîné ne savait rien des plans du cadet, qui n’arrêtait pas de lui emprunter sa voiture pour « chercher du travail ». Ce jour-là, c’était pour se rendre à la plage, a-t-il raconté.

Les douze hommes de la cellule, en majorité des Marocains, ont pour la plupart grandi à Ripoll, une petite ville au pied des Pyrénées où s’étaient installés leurs parents marocains.

 

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