Affaire Paradise Beach: les investisseurs se sont encore mobilisés devant l'ambassade du Maroc à Londres

800 investisseurs demandent à être remboursés alors que les travaux du projet Paradise Beach à côté de Tanger sont à l'arrêt depuis 2009. Une centaine d'entre eux ont manifesté le 11 décembre devant l'ambassade du Maroc à Londres.

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Bravant la neige, la pluie, les températures glaciales et le vent, plus de cent investisseurs britanniques, irlandais, français, espagnols et marocains se sont réunis devant l’ambassade du Maroc à Londres le 11 décembre.

Tous disent avoir été floués dans le projet immobilier et touristique Paradise Beach and Golf Resort au sud de Tanger. « Les investissements au Maroc ne sont pas sûrs« , « Notre investissement au Maroc a été volé« , « Investir au Maroc = grosse erreur« , « Honte sur toi, le Maroc« . Ces bannières sont tendues par des investisseurs munis de tambours et mégaphones. Certains adressent directement leur message à Mohammed VI à qui ils demandent de l’aide.

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Lors de cette 7e manifestation, ils demandent le remboursement des 35 millions de livres sterling qu’ils ont investis dans ce projet porté par l’agence immobilière Prestige Properties, et qui a été abandonné par le promoteur depuis 2009. « Remboursez notre argent, ceci n’est pas une affaire personnelle. Cela fait 10 ans et nous attendons encore », peut-on lire sur le t-shirt d’un des manifestants. « Nous demandons que la responsabilité de l’État dans ce projet qui a échoué soit reconnue, alors que nous avons les preuves que des conventions ont été signées par les ministères qui ont soutenu le promoteur immobilier« , revendique Claire Panay, qui fait partie des 800 investisseurs voulant être indemnisés de leurs acomptes.

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Les manifestants demandent au gouvernement marocain de prendre ses responsabilités. DR
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Selon les investisseurs, l’État marocain est partie prenante depuis 2006 dans ce projet immobilier à l’arrêt. DR

Les parlementaires britanniques Tom Brake et Steve McCabe étaient également présents devant l’ambassade pour soutenir les manifestants. Ils ont été reçus par l’ambassadeur du Maroc à Londres, Abdeslam Aboudrar.

« Nous sommes déçus, car même si l’ambassade dit être à notre écoute, elle n’est pas proactive et ne répond pas à nos questions« , se plaint Claire Panay. Cette manifestante demande des informations sur l’implication du gouvernement dans le projet immobilier et pour connaître la date du procès en appel à Tanger qu’ils attendent depuis huit mois. 

Une soixante d’investisseurs ont déposé une nouvelle plainte en pénal le 24 mars à Tanger contre le promoteur Larbi Tadlaoui, qui a déjà été condamné par le tribunal de première instance de Tanger à un an et demi de prison le 22 septembre 2016 pour non-respect de ses engagements contractuels. Le promoteur a également perdu son procès contre l’État marocain en novembre 2017. « Vingt mois contre dix ans d’attente, ce n’est rien« , nous déclarait Claire Panay en mars.

Des espoirs, mais pas de faits concrets

Depuis la dernière manifestation le 27 mars dernier, des rencontres entre responsables politiques britanniques et marocains ont donné un peu d’espoir aux investisseurs MRE et étrangers. Le 10 octobre, une réunion s’est tenue à Londres entre Alistair Burt, parlementaire et secrétaire d’État britannique pour le développement international et pour le bureau des affaires étrangères du Commonwealth, Mohamed Sajid, ministre du Tourisme du Maroc, et Lamia Boutaleb, secrétaire d’État en charge du Tourisme.

« L’un des sujets principaux de cette réunion a porté sur le scandale immobilier de Paradise Beach & Golf Resort« , explique un communiqué du collectif des investisseurs du projet. Le collectif d’investisseurs affirme que neuf jours plus tard, une réunion au Maroc a rassemblé les représentants des ministères de l’Intérieur, de la Justice, du Tourisme, des Affaires étrangères, Tourisme et Finance.

Les représentants des plaignants ont ensuite rencontré Thomas Reilly, l’ambassadeur du Royaume-Uni au Maroc, le 7 novembre. « Ce sont des réunions qui n’avaient pas eu lieu avant et qui nous donnent de l’espoir, mais nous attendons des avancées concrètes« , s’agace Claire Panay.

Un débat parlementaire britannique

« Nous allons nous rendre au Maroc pour manifester devant le tribunal de Tanger« , prévient-elle. Du côté britannique, le débat concernant cette affaire sera porté au parlement de Westminster en janvier 2018. « Ce débat est à l’initiative de parlementaires anglais, dont Tom Brake (libéral), Stephen McCabe (travailliste) et Robert Courts (conservateur), devant l’immobilisme de l’État marocain dans cette affaire et de la souffrance des 800 investisseurs floués en attente d’une résolution depuis 10 ans« , nous annonce Claire Panay.

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