États-Unis: compromis temporaire sur le budget, Trump crie victoire

Par

"Grande victoire pour les républicains, les démocrates cèdent sur le shutdown", a twitté le président américain (crédit: AFP)

Des centaines de milliers d’employés de l’administration fédérale américaine se préparaient mardi à reprendre le travail, au lendemain d’un compromis budgétaire temporaire au Congrès. L’accord a été salué comme une grande victoire par le président Donald Trump, pour mettre fin à trois jours de « shutdown ».

À l’issue d’intenses tractations, les leaders démocrates du Sénat ont accepté un texte assurant le financement de l’État jusqu’au 8 février, avec l’objectif affiché de trouver un accord sur le sort de centaines de milliers de clandestins arrivés jeunes aux États-Unis, connus sous le nom de « Dreamers » (Rêveurs). Le compromis élaboré au Congrès a été promulgué lundi soir par Donald Trump.

« Je suis content que les démocrates ont décidé de se montrer raisonnables », s’est félicité Donald Trump dans un bref communiqué, lu par sa porte-parole Sarah Sanders. Le président a ensuite renchéri sur Twitter: « grande victoire pour les républicains, les démocrates cèdent sur le shutdown », qui menaçait de faire tourner le pays au ralenti. « Rendez-vous à la table de négociations! », a-t-il ajouté à l’adresse des démocrates, en référence aux discussions qui devront avoir lieu pour trouver un accord définitif.

« Je sais que c’est un grand soulagement que cet épisode prenne fin », a commenté le président de la Chambre, le républicain Paul Ryan, « mais ce n’est pas le moment de nous envoyer des fleurs ».

Seulement trois jours de « shutdown »

Conséquence directe de cette sortie de crise: l’occupant de la Maison Blanche participera bien en fin de semaine au Forum économique de Davos, en Suisse. Un an presque jour pour jour après son arrivée au pouvoir, il aura l’occasion d’y donner vendredi sa vision de « L’Amérique d’abord », devant un parterre de chefs d’État, dirigeants d’entreprises et stars d’horizons divers.

La pilule a un goût amer pour l’aile gauche du parti démocrate, qui voulait poursuivre le bras de fer: le vote sur ce budget temporaire est finalement passé sans contreparties fermes des Républicains sur l’immigration.

Le premier « shutdown » de l’ère Donald Trump, débuté vendredi à minuit, aura donc duré trois jours, et n’aura affecté qu’une journée de travail normal, celle de lundi. Le dernier shutdown, conduit en 2013 sous l’administration du président démocrate Barack Obama, avait duré seize jours, mettant au chômage technique 800.000 employés de l’administration. « Les démocrates ont réalisé que leur position était indéfendable », a lancé tout sourire Sarah Sanders, lors de son point de presse quotidien.

Un nouveau blocage « dans les semaines à venir »?

Le chef de file des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, a justifié sa décision d’accepter ce compromis par la nécessité d’avancer de manière constructive sur l’immigration. Il a longuement ironisé sur la confusion régnant, selon lui, à la Maison Blanche, où le président américain est resté très discret tout le week-end. « Les républicains n’ont jamais pu avoir une idée claire de ce que leur président voulait », a-t-il lancé. « Le président qui se vante d’être un grand négociateur a joué un rôle de spectateur », a-t-il ajouté.

La partie s’annonce cependant compliquée pour les démocrates, qui souhaitent aboutir rapidement à la régularisation des « Dreamers », dont le statut temporaire accordé sous Barack Obama a été supprimé en septembre. La nouvelle échéance du 8 février leur donnera de nouveau l’occasion de faire valoir leur point de vue.

« Les démocrates ont potentiellement la possibilité de provoquer un nouveau ‘shutdown’ dans les semaines à venir, si aucune avancée n’est enregistrée sur l’immigration », a souligné Molly Reynolds, chercheuse à la Brookings Institution. Ils ressortent malgré tout affaiblis de ces trois journées de tractations budgétaires acrimonieuses. Dès l’entrée en vigueur du « shutdown », la Maison Blanche avait effectivement affirmé qu’il ne serait pas question de négocier sur l’immigration, tant qu’un budget temporaire n’aurait pas été voté. Elle a, de fait, obtenu gain de cause sur ce point.

Au milieu de la confusion des derniers jours, la Statue de la Liberté a réussi à faire entendre une voix distincte. Fermée aux touristes samedi matin, elle a rouvert lundi. L’État de New York avait décidé de payer de sa poche les employés fédéraux nécessaires à la réouverture de ce monument, emblématique d’une Amérique ouverte aux migrants. La statue est importante pour l’économie mais « elle est plus que ça », avait souligné dimanche Andrew Cuomo, gouverneur démocrate de New York. « C’est un symbole de New York et de nos valeurs (…). Son message n’a jamais été aussi important qu’aujourd’hui. »

Rejoignez la communauté TelQuel
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous

Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer