Panneau solaire modulable: invention marocaine à succès recherche business angel

La nuit, les panneaux solaires se retournent pour faire tomber la poussière qui s'y est accumulée pendant la journée. Crédit: DR

Au mois d’avril, l’inventeur marocain Majid El Bouazzaoui a glané quatre nouveaux prix internationaux pour son modèle de panneau solaire modulable. Après plusieurs échecs pour ses précédentes trouvailles, il espère que des investisseurs l’aideront cette fois-ci à concrétiser son projet.

C’est en regardant un reportage de la chaîne franco-allemande Arte que l’idée a jailli dans son esprit. Majid El Bouazzaoui apprend que des millions de litres d’eau potable sont gaspillés chaque jour pour nettoyer des panneaux photovoltaïques. Généralement implantés dans les zones désertiques pour profiter d’un maximum d’ensoleillement, ces derniers sont soumis à de forts aléas climatiques. De la poussière et du sable recouvrent rapidement les plaques, affectant de façon considérable les rendements, obligeant ainsi les propriétaires à employer les grands moyens pour les laver.

« Il faut faire venir des quantités d’eau astronomiques dans ces espaces arides, qui plus est dans des camions citernes qui dégagent beaucoup de CO2. C’est un non-sens écologique », s’indigne le téléspectateur. La problématique « résonne quelques jours » dans sa tête, avant qu’il mette au point une solution aussi simple qu’efficace: un mécanisme qui retournerait le plateau pendant la nuit, faisant tomber les particules sans avoir besoin d’autres ressources qu’un peu d’électricité – fournie en interne, grâce à l’énergie générée durant la journée.

Une dizaine de prix mais pas d’argent

Depuis 1997, Majid El Bouazzaoui a déposé pas moins de 14 brevets auprès de l’OMPIC (crédit: DR)
Depuis 1997, Majid El Bouazzaoui a déposé pas moins de 14 brevets auprès de l’OMPIC (crédit: DR)Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

Le jeune ingénieur en télécommunications et réseaux approfondit ses études et élabore des simulations 3D. En 2016, il dépose un brevet à l’Office marocain de la propriété industrielle et commerciale (OMPIC), avant de se présenter à différents concours. Sa découverte rafle une dizaine de distinctions, dont les quatre dernières en avril, aux Salons internationaux de l’invention de Genève puis de Moscou.

Même si elles ne sont accompagnées d’aucune dotation financière, ces récompenses offrent une certaine visibilité. Le Rabati explique avoir reçu des manifestations d’intérêt de la part de professionnels kazakhs, français, koweïtiens ou encore taïwanais – selon lui, le Maroc, qui possède à Ouarzazate l’une des plus grandes fermes solaires du monde, ne serait pas intéressé car il utilise des structures courbes qui ne connaissent pas forcément ce genre de problèmes.

Celui qui est membre du comité exécutif de la Fédération internationale des associations d’inventeurs (IFIA) espère que ces contacts déboucheront sur des partenariats commerciaux, car cela n’avait pas été le cas pour ses précédentes innovations. Son « écran multi-vues », qui permet à plusieurs personnes de suivre sur un même téléviseur des programmes différents en fonction de l’endroit où elles se trouvent, avait par exemple été multiplement primé, sans toutefois dépasser le stade de la conception. Tombé dans le domaine public au bout des trois années de protection réglementaires, il a été présenté par un autre au célèbre Consumer electronics show 2018 de Las Vegas. « Ça ne me gêne pas, parce que je l’ai imaginé avant tout pour que les gens en profitent », assure le modeste inventeur, qui ne s’offusque pas de devoir un jour acheter son dispositif en magasin.

Aujourd’hui contraint à des petits boulots alimentaires, le père de famille continue d’inventer « en cachette ». Il a créé une association – OFEED, « je suis utile » en arabe – qui a organisé un salon international et assisté des concurrents marocains pour remporter quelque 79 compétitions internationales en 2017, faisant du Royaume « l’un des vingt pays les plus actifs ». Malgré cette exposition exceptionnelle, Majid El Bouazzaoui affirme n’avoir reçu aucun soutien de la part des pouvoirs publics – l’obligeant à annuler certains déplacements, faute de moyens. « Je suis sûr que nous allons énormément chuter en 2018. J’aimerais faire mieux, mais je suis limité en temps et en ressources », conclut-il, jurant qu’il ne « baissera jamais les bras ».

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