Mohammed VI au FOCAC de Pékin pour une «communauté de destins» sino-africaine ?

Les dirigeants africains afflueront à Pékin début septembre pour le 6e Forum de coopération sino-africaine (FOCAC). La participation du roi Mohammed VI n’est pas exclue.

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Mohammed VI avec le président chinois Xi Jimping, en mai 2016 à Pékin. Crédit: MAP

Pékin accueillera les 3 et 4 septembre le Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC), en présence de plusieurs chefs d’États et de gouvernement africains. Selon Wang Yi, conseiller d’État et ministre des Affaires étrangères de la Chine, « le sommet vise à construire une communauté de destin plus étroite entre la Chine et l’Afrique, mettre davantage en synergie l’initiative chinoise ‘One Belt, One road’ et le développement africain, à élaborer une nouvelle voie pour une coopération sino-africaine d’un plus haut niveau et approfondir les échanges entre les peuples », rapporte l’agence chinoise Xinhua le 22 août.

Le ministre chinois a également annoncé la présence du président de l’Union africaine (UA), Paul Kagamé, en plus du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres en tant qu’invité spécial.

Selon des sources diplomatiques marocaines consultées par TelQuel, la présence du roi Mohammed VI n’est pas non plus écartée. Sur place, des diplomates marocains se préparent à cette éventualité. Le ministre délégué en charge de la Coopération africaine, Mohcine Jazouli s’était rendu à Pékin à la mi-août dans cette perspective, rapportait déjà LeDesk.ma.

« Il y aura toute l’Afrique. Le Forum aboutira sur une déclaration commune, la déclaration de Pékin, sous forme de plan d’actions à tous les niveaux. On parle d’investissements, de coopération, à tous les niveaux, privés, publics », indique notre source, sans entrer dans les détails. Insistant sur le caractère multilatéral de la rencontre, le même interlocuteur explique que des réunions bilatérales en marge du Forum sont néanmoins envisageables. « Le président chinois […] procédera à des rencontres ou à des entretiens bilatéraux avec d’autres dirigeants au cours du sommet », a d’ailleurs indiqué le ministre chinois des Affaires étrangères.

Xi Jinping prononcera également « un discours clé lors de la cérémonie d’ouverture du sommet ». « Le discours expliquera les nouvelles idées de la Chine pour renforcer les relations avec l’Afrique et annoncera les nouvelles mesures pour la coopération pragmatique de la Chine avec l’Afrique », a déclaré Wang Yi.

Au programme du premier jour : le président chinois et les dirigeants africains présents assisteront à la cérémonie d’ouverture du « Dialogue de haut niveau entre les dirigeants chinois et africains ». Des représentants d’entreprises et de la 6e Conférence des entrepreneurs chinois et africains et prononceront des discours à cette occasion.

Le lendemain, le 4 septembre, Xi Jimping et son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa, présideront séparément deux cycles de discussions. Les dirigeants chinois et africains échangeront leurs points de vue sur les relations sino-africaines ainsi que sur les questions régionales et internationales d’intérêt commun.

Le volume commercial entre la Chine et l’Afrique a été multiplié par 17 depuis le premier FOCAC, soit entre 2000 et 2017. « Un nombre de grands projets d’infrastructures aidés par la Chine, tels que le chemin de fer Ethiopie-Djibouti, le chemin de fer du Kenya, entre Mombasa et Nairobi, sont des exemples des avantages tangibles apportés par la coopération sino-africaine », plaide l’agence de presse chinoise.

Une relation bilatérale incarnée

La participation de Mohammed VI en Chine serait, le cas échéant, sa troisième visite officielle depuis le début de son règne, après 2002 et 2016. Lors de cette dernière visite, le roi et le président chinois Xi Jinping avaient signé une déclaration conjointe établissant un « partenariat stratégique ». C’est notamment lors de cette visite que le roi Mohammed VI avait exempté les ressortissants chinois de visa pour visiter le Royaume. Outre le boom d’arrivées de touristes chinois que le Maroc a connu depuis, « la suppression des visas a été reçue comme une marque de considération qui a joué en notre faveur », dira avec le recul une source autorisée, chargée de négocier de lourds investissements chinois au Maroc.

Novembre 2017 : le Maroc est l’un des premiers pays africains à intégrer la « Nouvelle route de soie » chinoise. Inspirée de la mythique et ancestrale route de la soie, ce corridor économique entre la Chine et l’Europe passe à l’origine par l’Asie, grâce à des routes et des chemins de fer financés par des entreprises chinoises. Son but : fluidifier les échanges commerciaux avec l’Europe et étendre la demande pour ses produits à l’étranger alors que le pays est en surcapacité.

La route de la soie devient un peu plus concrète, le mois suivant, avec la signature d’un mémorandum d’entente avec le constructeur automobile chinois BYD. Voulu au plus haut sommet de l’État marocain, c’est au Palais royal de Casablanca que le président fondateur de BYD Wang Chuanfu signe avec le Maroc, devant Mohammed VI, pour la construction de quatre usines dans le secteur de la mobilité électrique.

Depuis, plus de nouvelles officielles. Des sources proches du dossier rappellent les délais entre la signature des mémorandums d’entente avec les constructeurs français Renault et PSA et le début de la construction de leurs usines respectives pour rassurer.

Car, le Maroc a déjà fait les frais de contrats chinois qui peinent à se concrétiser. Annoncés en grande pompe en mai 2017, les travaux de construction de la Cité Mohammed VI Tanger Tech n’ont, par exemple, pas encore démarré. Le promoteur chinois Haite ne fait quant à lui plus partie de son tour de table.

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