Macron en pleine crise après la démission de Gérard Collomb

En pleine crise gouvernementale après avoir été contraint d'accepter la démission de son ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, le président français Emmanuel Macron cherchait mercredi, avec peine, celui qui allait lui succéder à ce poste stratégique.

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AFP

Le Premier ministre Edouard Philippe lui-même va assurer l’intérim du ministre de l’Intérieur, « dans l’attente de la nomination de son successeur », a annoncé la présidence dans la nuit. C’est « l’affaire de quelques jours« , a précisé le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux, selon lequel en conseil des ministres le président Macron a assuré : « Rien de ce qui se passe depuis 48 heures ne s’apparente à une crise politique. L’État fonctionne (…), le gouvernement est parfaitement à sa tâche« .

Le Premier ministre a néanmoins annulé un déplacement en Afrique du Sud prévu jeudi et vendredi. La rupture est ainsi définitivement consommée entre le chef de l’État et M. Collomb, soutien de la première heure et longtemps considéré comme un « fidèle parmi les fidèles« .

Gérard Collomb, 71 ans, qui était le numéro 2 du gouvernement, avait remis mardi après-midi sa démission pour la deuxième fois en 48 heures, indiquant avoir l’intention de reprendre la mairie de Lyon, deuxième plus grande agglomération de France, qu’il avait dirigée pendant seize ans avant de devenir ministre en 2017.

Lundi, M. Macron avait refusé la démission de l’ancien maire socialiste. Mais le « premier flic de France » a continué le bras de fer. « Une valse-hésitation invraisemblable qui tient plus du music-hall que de la politique gouvernementale » et met à mal l’autorité du chef de l’État, écrit mercredi le quotidien Libération.

L’opposition, elle, s’en est donnée à coeur joie en fustigeant le « grand-guignol » régnant au sein de l’exécutif. « Ça va durer longtemps ce sketch?« , s’était interrogée sur Twitter la patronne de l’extrême droite, Marine Le Pen. Pour la droite, l’épisode fragilise un ministère stratégique. « C’est une farce« , a déploré le député Julien Aubert.

Lors d’une passation de pouvoir glaciale, Gérard Collomb – qui a attendu plus de dix minutes, bras croisés, seul sur le perron de son ministère l’arrivée du Premier ministre – a assuré quitter « avec regrets » le ministère.Le départ de ce poids lourd du dispositif macronien a cependant plongé le pouvoir, déjà fragilisé par une rentrée difficile, dans une nouvelle crise.

A peine rentré de son voyage aux Antilles, Emmanuel Macron perd son troisième ministre d’État depuis son arrivée à l’Elysée après la démission en juin 2017 de François Bayrou (Justice), fragilisé par une affaire d’emplois fictifs au Parlement européen concernant son parti, et celle en septembre dernier de Nicolas Hulot (Écologie), qui a dénoncé l’influence des lobbys et jugé insuffisantes les avancées obtenues. Des six principaux ministres dans l’ordre protocolaire en place au début de son mandat, il ne reste aujourd’hui plus que Jean-Yves Le Drian, aux Affaires étrangères.

Les tensions n’ont cessé de s’intensifier entre Emmanuel Macron et Gérard Collomb depuis l’affaire Benalla en juillet, du nom de cet ancien collaborateur du chef de l’État inculpé pour avoir violenté des manifestants alors qu’il accompagnait les forces de l’ordre, et dont la France a découvert les multiples privilèges cachés. Gérard Collomb « a peu apprécié d’être mis en première ligne sur une affaire qu’il juge ne pas le concerner« , selon son entourage.

Début septembre, le ministre de l’Intérieur pointait « le manque d’humilité de l’exécutif« . Quinze jours plus tard, il prenait de court le président en rendant publique son intention de redevenir maire. La nomination provisoire d’Edouard Philippe à l’Intérieur souligne la difficulté pour l’exécutif de trouver un remplaçant à Gérard Collomb à ce poste stratégique.

Le président doit désormais trouver un ou une ministre qui saura rassurer l’opinion, alors que la France a été victime d’une vague d’attentats jihadistes qui a fait 246 morts depuis 2015. Le ministre du Budget Gérald Darmanin, le secrétaire d’État aux Relations avec le Parlement Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux ou encore l’ancien patron de la police nationale Frédéric Péchenard sont cités comme successeurs potentiels.

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