La polémique sur les hydrocarbures refait surface, avec cette fois la Samir comme catalyseur. La raffinerie de Mohammedia, fleuron de l’industrie marocaine a-t-elle fait les frais d’une « libéralisation mal pensée par les politiques » ? A-t-elle été sacrifiée sur l’autel des intérêts « d’opérateurs fonctionnant selon la logique d’un cartel » ?
La charge vient de l’économiste en chef de la CGEM et membre du secrétariat du « Front national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole » dans une interview avec Le Desk.ma . De quoi raidir la CGEM, qui a exprimé son « étonnement » face à cette sortie qui cible nommément le leader du secteur de la distribution, Afriquia, propriété du groupe Akwa d’Aziz Akhannouch. Le quotidien Aujourd’hui le Maroc, dont Akwa est actionnaire, dénonce pour sa part une « diffamation et une désinformation » d’un « prétendu expert ».
La SAMIR, sujet de discorde entre la CGEM, son économiste en chef et Afriquia
Alors que le sort de l’unique raffinerie du Maroc, entre liquidation et reprise, est toujours inconnu, une sortie de l’économiste en chef de la CGEM sur Aziz Akhannouch fait réagir jusque chez Afriquia.
TelQuel a alerté sur le naufrage de la Samir et la responsabilité de l’Etat qui n’a pas su arrêter à temps la descente aux enfers de la raffinerie.
« Comment la dette abyssale du raffineur de Mohammedia, estimée aujourd’hui à près de 45 milliards de dirhams (45 avec 9 zéros…), a-t-elle pu “surprendre” tout ce monde ? », s’est notamment interrogée notre éditorialiste dès avril 2016. Et de pointer les importateurs d’hydrocarbures, premiers à « se délecter de la fin programmée du raffineur »
Édito. Cherche État stratège
Le naufrage de la Samir laisse sans voix. Même le plus prudent des analystes conviendra qu’il s’agit d’un scandale d’État.
Édito – Carburants : où est l’État ?
La libéralisation des prix a été mal faite, et aucun responsable public ne prend la peine d’éclairer les citoyens, leur expliquer comment ils sont protégés par l’État, et comment ce dernier s’assure que l’anarchie ne règne pas.
Dès juin 2017, nous avions aussi mis en lumière les couacs de la libéralisation, à travers une enquête sur l’enrichissement des distributeurs depuis que les prix sont libres. « Depuis que l’État a levé la main sur la fixation du prix du gasoil et de l’essence en décembre 2015, Afriquia, Vivo Energy, Total Maroc, Winxo, Petrom et autres opérateurs ne cessent de s’enrichir. Et dans des proportions phénoménales », avons-nous écrit. Un « hold-up à la pompe », sinsurgent des analystes et experts du secteur, dans cette enquête qui démontre comment des acteurs du marché ont doublé, voir triplé leurs bénéfices aux dépens du consommateur.
Enquête. Prix des carburants : A qui profite la libéralisation ?
Les distributeurs de carburant n’ont jamais été aussi riches depuis que les prix sont libres. Certains ont doublé leurs marges tandis que d’autres ont triplé leurs bénéfices. Le tout aux dépens du consommateur.
Mois d’une année plus tard, en mai 2018, TelQuel révélait en exclusivité le contenu de rapport d’une mission d’information parlementaire avant qu’il ne soit expurgé de ses principales conclusions. Le constat est sans appel : les pétroliers ont engrangé, au bas mot, 13 milliards de dirhams de marges supplémentaires depuis la libéralisation, facturés aux automobilistes marocains. “La différence moyenne entre le prix public [avant et après la libéralisation] est de 96 centimes par litre de gasoil, ce qui représente un gain supplémentaire pour les entreprises de 7 milliards de dirhams par an”.
Carburants, ce que les Marocains ont payé en trop
Depuis la libéralisation des prix des carburants, les marges des pétroliers marocains ont explosé. C’est ce que confirme le rapport Bouanou qui sera présenté le 15 mai au parlement, expurgé de ses conclusions. TelQuel, qui l’a obtenu en exclusivité, sort la calculette pour recompter les milliards surfacturés aux automobilistes depuis 2015. Estimation basse : 13 milliards de dirhams.
Carburants : comprendre ce qui se trame en 7 points
Depuis la libéralisation des prix des carburants, les pétroliers marocains ont engrangé des milliards de marge supplémentaire, payés par les Marocains à la pompe. TelQuel, qui a révélé les tenants de l’affaire dès mai 2017, la reprend point par point.
De nouveau, notre éditorialiste pointe la responsabilité des politiques et notamment celle de l’ancien chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane. Malgré deux alertes données par le département de l’Energie, puis par le wali de Bank Al-Maghrib, le gouvernement n’a pas sourcillé.
Edito – Parfum de scandale
Face à l’urgence et à la fronde, le gouvernement se terre, n’assume pas ses responsabilités et tremble face à la rue.
Imbroglio sur le plafonnement des prix du carburant, le naufrage du gouvernement
Le gouvernement a-t-il un plan pour endiguer les marges des pétroliers sur la vente de carburant ? L’application de mesures de plafonnement provisoires, répond le ministre démissionnaire des Affaires générales. D’autres sources gouvernementales se font plus prudentes.
Face à la flambée des prix du carburant, le gouvernement « espère réussir » à les plafonner
Les prix des carburants à la pompe explosent depuis deux mois suivant ainsi la tendance du baril de Brent sur les marchés internationaux. Dans ce contexte, le gouvernement peine à imposer sa promesse de plafonner les prix aux sociétés de distribution d’hydrocarbures.
En juin 2018, une note du Haut-commissariat au plan (HCP), organisme statistique officiel, confirme, donnése à l’appui la hausse des prix. Ainsi, depuis la libéralisation des carburants en 2016, les prix des hydrocarbures ont augmenté de 9,1%. Le HCP note qu’avec « une capacité de stockage des principaux distributeurs relativement limitée (47 jours) et une raffinerie à l’arrêt » les distributeurs sont dans l’obligation de s’approvisionner « à 100 % sur le marché international ». Cela rend le prix du carburant dépendant du « taux de change du dollar », des « coûts de revient des importateurs, des distributeurs » ainsi que du « stockage ». CQFD
Les prix du carburant ont augmenté de 9,1 % depuis 2016 (HCP)
Le HCP a calculé que depuis 2016 et la libéralisation totale des prix du carburant, ceux-ci ont augmenté de 9,1 % en moyenne. Le litre de gasoil est quant à lui passé de 7 à 10 dirhams entre début 2016 et mai 2018.
Les taxis dans le rouge face à la hausse des prix du carburant
Rien ne va plus entre le gouvernement et les professionnels de la route. La cause? L’exacerbation des problèmes auxquels fait face le secteur du transport routier et le mutisme de la tutelle.
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