Le Maroc demande à l'Espagne une formation pour ses jeunes étudiants

Alors que le Maroc vient de recevoir les 140 millions d’euros promis par Bruxelles pour la gestion des flux migratoires, il vient d’adresser une liste de nouvelles demandes au gouvernement espagnol, dont la formation de ses jeunes étudiants. En échange, le royaume promet le renforcement du contrôle aux frontières. 

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Des immigrés maghrébins arrivés en Espagne (archives). Crédit: EFE

Promis par Bruxelles en octobre dernier, les 140 millions d’euros d’aide financière dédiée à la gestion des flux migratoires viennent d’être perçus par le Maroc, a indiqué ce 4 janvier une source proche du dossier à TelQuel. En plus de cette enveloppe budgétaire émise par l’UE, le Maroc vient de transmettre aux autorités espagnoles une liste de demandes en contrepartie d’une « intensification du contrôle aux frontières », rapporte le quotidien espagnol El Pais dans son édition du 4 janvier.

Le royaume réclame, en effet, l’aide de son voisin ibérique pour qu’il lui forme des travailleurs dans des secteurs clés de l’économie marocaine comme l’hôtellerie, le tourisme et la santé. Cela, à travers un programme qui permettrait aux étudiants universitaires marocains de poursuivre leurs cursus en Espagne. L’objectif serait également de faire campagne pour « neutraliser les messages qui incitent à l’immigration ».

Pour répondre favorablement aux demandes du Maroc, « il est impératif que l’Union européenne apporte des fonds supplémentaires », note le journal espagnol. Le secrétaire d’État espagnol aux Migrations, Consuelo Rumí, a dans ce sens prévu un déplacement à Bruxelles fin janvier, afin d’arracher de nouveaux engagements financiers. « Il faut investir dans ce type d’initiative et l’UE doit s’impliquer », a déclaré une source au sein du ministère espagnol du Travail, des Migrations et de la Sécurité sociale à El Pais.

Un Erasmus entre le Maroc et l’Espagne ?

L’idée de Rabat est que l’Europe verse les fonds et que l’Espagne soit chargée d’envoyer au Maroc un personnel espagnol dédié à la formation de professionnels marocains dans les domaines précités. Le royaume a aussi réclamé une formation dans le domaine de la santé, notamment en soins infirmiers. L’objectif : « que ces programmes de formation aient un impact sur le développement économique et social du pays », ont fait savoir des sources proches des négociations citées par El Pais.

Parmi les « initiatives convenues », figure également une « sorte de Erasmus », rapporte la même source. Le but serait que les étudiants marocains qui terminent leurs parcours à l’université puissent se rendre en Espagne pour poursuivre des études de troisième cycle, puis rentrer dans leur pays avec l’expérience d’un séjour académique à l’étranger.

« Consciente que sa collaboration est essentielle pour atténuer la pression migratoire », l’Espagne défendra les demandes de son partenaire marocain, affirme-t-on. « Le Maroc n’a aucune excuse pour ne pas collaborer (ndlr, avec l’Espagne pour la gestion des flux migratoires) », avait déclaré dans ce sens Consuelo Rumí en décembre dernier.

Dans un communiqué diffusé le 14 décembre, la Commission européenne avait annoncé qu’« une enveloppe supplémentaire adoptée au titre du fonds fiduciaire d’urgence pour l’Afrique porterait à 148 millions d’euros le montant total de l’aide apportée au Maroc en 2018 ». Une aide consentie, car le Maroc constitue un « partenaire de premier plan pour l’Union européenne », avait alors précisé Johannes Hahn, Commissaire chargé de la politique européenne de voisinage et des négociations d’élargissement, soulignant que cette coopération va «bien au-delà de la seule migration». «Nous nous employons à renforcer notre partenariat par le développement socioéconomique, la décentralisation et l’intégration des jeunes, au profit des citoyens marocains et européens», avait-il également fait savoir.

En 2018, le Maroc a été la principale porte d’entrée des plus de 62.000 personnes arrivées irrégulièrement sur le territoire espagnol. Aussi, les Marocains représentent 21% du total des migrants arrivés irrégulièrement en Espagne en 2018 selon les chiffres du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).