VTC: Heetch accuse Careem de "concurrence déloyale"

Présent depuis 2017 à Casablanca, le spécialiste français des VTC a saisi le conseil dirigé par Driss Guerraoui pour "concurrence déloyale", estimant que Careem continue de travailler "dans l'illégalité".

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Depuis son implantation, Heetch a réalisé 750.000 courses et transporté 
200.000 passagers 
à Casablanca. Crédit: DR

Lancé fin 2017 à Casablanca, le service de voiture avec chauffeur (VTC) a mis un an à obtenir, auprès de la wilaya, une autorisation officielle pour exercer son activité dans la métropole. Aujourd’hui, la direction dénonce une concurrence déloyale de part de Careem, son concurrent  basé à Dubai et récemment racheté par le géant Uber,  présent au Maroc depuis 2015.

Il y a une semaine environ, nous avons saisi le Conseil de la concurrence au sujet de Careem, pour concurrence déloyale. Nous avons déposé notre dossier avec notre argumentaire et l’arsenal juridique qui va avec”, nous indique Hicham Amadi, directeur général de Heetch Maroc. “On leur reproche premièrement d’être dans l’illégalité puisqu’ils travaillent avec des chauffeurs qui n’ont pas d’agrément alors que la loi est très claire. Il faut disposer d’une autorisation pour pouvoir travailler avec des chauffeurs sans agrément. Ils ne peuvent pas travailler avec des gens qui n’ont pas la possibilité de conduire des taxis”, déplore le responsable.

Qui plus est, ils ont récemment annoncé qu’un certain nombre de courses ont été effectuées par des chauffeurs salariés.  Il va falloir qu’ils nous expliquent s’ils considèrent leurs chauffeurs comme salariés qui sont soumis à une autorisation de transport touristique comme c’est le cas pour les agences de location ou non”, poursuit Hicham Amadi.

 “Ils pénalisent les chauffeurs de taxi”

Leader des VTC dans la région MENA, Careem a fait savoir en décembre dernier que sa plateforme au Maroc a “contribué à la création de 2.000 emplois, et ambitionne d’en créer 100.000 autres dans les années à venir”. Des chiffres qui ne passent pas du côté de Heetch. “Il ne faut pas oublier que sur le marché marocain, il y a 90.000 chauffeurs. S’ils (Careem, NDLR) en créent 90.000 autres, ils réduisent les revenus des 90.000 qui existent déjà et qui ont des agréments. Le nombre de Marocains n’a pas doublé. Ce sont les mêmes qui vont prendre un taxi ou un Careem”, soutient le patron de Heetch Maroc.

Pour ce dernier, “introduire sur le marché d’autres acteurs n’ayant pas le droit d’exister pénalise les chauffeurs de taxi. Ils (Careem) confient des courses à des personnes ne disposant pas d’agrément, ce qui réduit leurs revenus (ceux des chauffeurs de taxi, NDLR) ainsi que les nôtres”. Pour rappel, Heetch collabore  avec plus de 4.000 chauffeurs de taxi à Rabat et Casablanca.

 “150 dhs par jour”

Alors que Careem vient d’être racheté par le géant Uber, Hicham Amadi craint une destruction des revenus des chauffeurs de taxi. “Partout dans le monde, Uber essaie de capter les marchés à travers la distorsion. Avec Heetch, nous avons compris que le Maroc est à part. C’est un marché qui est structuré d’une certaine manière. Il va falloir pérenniser le modèle existant parce qu’il y a beaucoup de gens qui sont dans la précarité. Un chauffeur de taxi ne dépasse pas un revenu net de 150 dirhams par jour. Nous n’allons pas venir créer d’autres acteurs pour encore réduire ce revenu et faire en sorte que les gens restent dans la précarité”, estime Hicham Amadi.

Selon le directeur général de Heetch, l’opération menée par Uber pourrait mener à une “précarisation du métier” de chauffeur. “Je n’ai rien contre ces opérations commerciales. Maintenant, il va falloir respecter la loi de chaque pays. La loi est très claire, il faut l’appliquer et la respecter”, insiste-t-il. Sollicité par TelqQuel, Careem ne nous a pas encore fait parvenir sa réaction à la plainte déposée par son concurrent.