Seulement 11% des Marocains font confiance au fisc

Les Marocains ne font pas confiance au fisc et revendiquent l’annulation des impôts, c’est ce qui ressort d’un sondage réalisé par le groupe le Matin et le cabinet Ipsos sur la relation du citoyen avec l’administration fiscale.

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Le groupe Le Matin et le cabinet de sondage Ipsos ont réalisé une enquête d’opinion en ligne portant notamment sur la relation du citoyen avec l’administration fiscale. Présentés le 12 avril à Casablanca, les résultats de cette enquête, menée auprès de 300 personnes, ont de quoi intriguer. Ils révèlent en effet que seuls 11% des Marocains ont confiance au fisc. 73% ne font pas confiance à l’administration des impôts, tandis que 16% des sondés n’ont pas d’avis sur le sujet. Cette enquête a été réalisée à quelques semaines des Assises de la fiscalité prévues pour le début du mois de mai. Elle a été publiée dans l’édition de ce lundi du quotidien Le Matin.

Une connaissance vague

21% des sondés affirment ne disposer d’aucune information sur le système d’imposition, tandis que 38% affirment disposer d’informations “très vagues à ce sujet”. Les taxes les plus connues des Marocains sont la vignette automobile (89%), l’impôt sur les sociétés (84%), et la taxe d’habitation (79%). La majorité des Marocains ignorent les taux de chaque impôt, ainsi que les avantages accordés par l’Administration fiscale sur certains produits.

Légitime, mais …

Pour 37% des sondés, l’impôt est “légitime”, toutefois ils sont près de deux tiers (63%) à être extrêmement critiques à l’égard des taux appliqués, qu’ils considèrent comme très peu décents. Ainsi, seuls 13% des sondés sont satisfaits des taux pratiqués au Maroc. D’une manière générale, seuls 11% des Marocains font confiance au système d’imposition, et 83% jugent “insuffisante” la concertation entre le contribuable et l’administration fiscale.

Une affaire d’hommes?

32% de l’échantillon sondé s’acquitte de l’impôt sur le revenu (IR). Viennent ensuite les droits de timbre (29%), la TVA (27%), la vignette (25%), et la taxe d’habitation (25%). L’enquête indique également que près de deux tiers (65%) des sondés affirment avoir déjà eu recours à l’administration fiscale ou à une collectivité locale concernant l’impôt, principalement pour des demandes d’attestations (47%) et la vignette automobile (17%). Le sondage révèle aussi que 39% des femmes interrogées affirment ne payer aucune taxe, faisant de la fiscalité une affaire d’hommes.

L’utilité des impôts

Selon le cabinet Ipsos, la perception de la fonction sociale de l’impôt reste mitigée. Plus de 40% des sondés estiment que les impôts perçus par l’Administration servent d’abord  à financer la défense du pays, à payer les fonctionnaires, à financer les infrastructures, l’enseignement et la recherche.

Annulation d’impôts

Pour que le système fiscal marocain devienne plus équitable, les sondés souhaitent en priorité que l’administration fiscale améliore la qualité de ses services (33%), et qu’il y ait plus de transparence et d’intégrité (25%). À noter que très peu (16%) réclament l’amélioration de la communication avec le citoyen, l’imposition des produits de luxe et des grandes fortunes, et la lutte contre le détournement, le vol et la corruption (11%).

Afin de rendre le système fiscal marocain plus équitable, 61% des sondés suggèrent l’annulation des impôts ou leur réduction. Dans ce sens, 33% des sondés estiment que l’administration fiscale doit améliorer la qualité de ses services. Toujours dans l’optique de rendre le système fiscal plus équitable, 25% des sondés estiment qu’il est nécessaire d’améliorer la transparence et l’intégrité dans la gestion des impôts et la prise de la décision.

A noter que seulement 16% des sondés demandent une amélioration de la communication avec le citoyen, l’imposition des produits de luxe et des grandes fortunes tandis que seulement 11% réclament un renforcement de la lutte contre le détournement, le vol et la corruption.