Nouvelle aide en nature de Madrid à Rabat pour contenir l'immigration irrégulière

Dans son édition d'aujourd'hui, le quotidien espagnol El Pais annonce l'octroi au Maroc d'une aide sous forme de véhicules. Le don est estimé à 26 millions d'euros. Ce soutien devrait être validé le même jour, en Conseil des ministres à Madrid.

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Frontière Espagne Maroc
Crédits : Ongayo

Nouvel appui de Madrid à destination du Maroc pour la gestion de la migration irrégulière en Méditerranée occidentale. Le quotidien espagnol El Pais annonce l’allocation d’une aide de 26 millions d’euros au gouvernement marocain. Une aide qui s’inscrit dans le décaissement de 140 millions d’euros, promis par la Commission européenne au Maroc afin de “compenser les efforts [du Maroc] mis en oeuvre en matière de surveillance de ses frontières”, écrit le journal de référence ibère.

Cette aide prendra la forme d’un achat de véhicules. Celui-ci devrait comprendre, selon El Pais, sept lots de véhicules types 4×4, dont des ambulances. Des camions-citernes et réfrigérants seraient également prévus dans ce dispositif qui attend d’être approuvé lors du Conseil des ministres de ce vendredi avant de débloquer les fonds.

Cette aide s’inscrit dans un budget spécifique prévu pour l’année 2019 au titre de “l’appui à la gestion intégrale des frontières et des migrations au Maroc”. C’est dans ce même fonds, d’après El Pais, que Madrid avait validé l’octroi de 108 véhicules et équipements informatiques d’une valeur totale de 3,2 millions d’euros. Le Maroc, ainsi que la Mauritanie et le Sénégal, en avait bénéficié en octobre 2018.

Peser en faveur du Maroc

Depuis 2015, les deux voisins du Détroit ont multiplié les actions conjointes pour réguler le phénomène migratoire en Méditerranée occidentale. Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, avait salué “un binôme exemplaire” lors d’une conférence de presse avec son homologue espagnol en marge de la visite d’État du roi Felipe VI.

Le ministère espagnol de l’Intérieur a annoncé “avoir enregistré, au 13 juin, l’arrivée de 13.263” personnes en situation irrégulière. Soit une baisse de 23% par rapport à la même période janvier-fin juin 2018. En février, Nasser Bourita avait affirmé que le Maroc déployait quelque 13.000 agents des forces de l’ordre sur le littoral nord, “pour agir avec responsabilité dans la lutte contre la migration clandestine”.

Devenue la première porte d’entrée en Europe, l’Espagne compte bien peser en faveur du Maroc pour réguler la pression migratoire accrue. Le chef de la diplomatie espagnol, Josep Borell, avait également rappelé que “l’Espagne était prête à soutenir la relance de la relation spéciale et singulière du Maroc avec l’Union européenne”. Une phrase qui prend une tout autre allure depuis ces derniers jours. En début de semaine, ce dernier a en effet été désigné à la tête de la diplomatie européenne.

D’après El Pais, “les Vingt-huit souhaitent que la coopération et les efforts soient maintenus et négociés, au-delà des 140 millions d’euros”. “Un effort important”, pour le Premier ministre socialiste espagnol, Pedro Sanchez, qui avait appelé dans une interview en marge des législatives espagnoles à le soutenir “à moyen et long terme par un véritable partenariat stratégique entre l’Union européenne et le Maroc”.

Parmi les dossiers qui pourraient compter pour Madrid, El Pais évoque “une flexibilité” de l’Espagne sur l’attribution des visas pour les Marocains, en échange de la coopération des autorités marocaines concernant l’expulsion de ses ressortissants en situation irrégulière sur le sol européen.