Derniers mots des accusés en attendant le jugement

La dernière audience du procès des assassins présumés des deux jeunes Scandinaves, décapitées fin 2018 dans le Haut-Atlas au nom de Daech, a débuté ce jeudi et verra défiler les accusés qui prononceront leurs derniers mots avant un jugement attendu ce jour.

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Tniouni/TelQuel

Louisa Vesterager Jespersen, une étudiante danoise de 24 ans, et son amie Maren Ueland, une Norvégienne de 28 ans, ont été tuées alors qu’elles campaient sur un site isolé prisé des randonneurs voulant gravir le plus haut sommet d’Afrique du Nord, le mont Toubkal (4.167 mètres).

Les familles des victimes attendent des “peines aussi cruelles que le crime”

De nombreux journalistes ont afflué devant le tribunal antiterroriste de Salé, pour la fin d’un procès qui a vu comparaître 24 hommes soupçonnés d’être directement liés à ces meurtres et/ou d’appartenir à une cellule jihadiste. Avant de suspendre définitivement l’audience, au terme d’un procès très médiatique ouvert début mai, les juges donneront la parole une dernière fois aux prévenus, jugés pour “apologie du terrorisme”, “atteinte à la vie de personnes avec préméditation” ou “constitution de bande terroriste”.

La peine de mort requise

Nous attendons des peines aussi cruelles que l’a été ce crime”, a déclaré à l’AFP Me Khaled El Fataoui, parlant au nom de la famille de Louisa qui s’est constituée partie civile, à l’inverse des parents de la deuxième victime.

Le cerveau du groupe, Abdessamad Ejjoud, un marchand ambulant de 25 ans, avait avoué avoir organisé l’expédition meurtrière avec deux compagnons et diffusé sur les réseaux sociaux des images de la décapitation et d’une déclaration d’allégeance à Daech, qui n’a jamais revendiqué le double assassinat. Younes Ouaziyad, un menuisier de 27 ans, et Rachid Afatti, 33 ans, qui avait filmé la scène avec son téléphone portable, ont également avoué leur participation au crime.

L’accusation a requis la peine de mort pour les trois “monstres sanguinaires”, et des peines de prison allant jusqu’à la perpétuité contre les 21 autres accusés. La mère de Louisa avait appelé la semaine dernière les juges marocains à condamner à mort les accusés ayant reconnu le crime. “Le plus juste serait de donner à ces bêtes la peine de mort qu’ils méritent, je vous le demande”, avait déclaré Helle Petersen dans une lettre lue par son avocat.

La partie civile demande dix millions de dirhams (près d’un million d’euros) de dommages pour les parents de Louisa en invoquant la “responsabilité morale“ de l’Etat. L’Agent judiciaire représentant le Maroc a réfuté toutes les “défaillances“ invoquées par la partie civile, faisant valoir l’ “expertise antiterroriste” du royaume “reconnue dans le monde entier”.

Issus de milieux modestes, avec un niveau d’instruction très bas, la plupart des accusés vivaient de boulots précaires dans des quartiers déshérités de Marrakech, destination touristique phare du royaume. Seul étranger du groupe, Kevin Zoller Guervos, un Hispano-Suisse converti à l’islam, est accusé d’avoir appris aux principaux suspects à utiliser une messagerie cryptée et de les avoir “entraînés au tir“.

L’accusation a requis 20 ans de prison contre lui, son avocat a plaidé son acquittement et lui-même s’est dit innocent.