Au Gabon, le fils d'Ali Bongo nommé "coordinateur des affaires présidentielles"

Alors qu’un coup de filet anticorruption sans précédent ébranle la haute administration du pays, le président gabonais Ali Bongo, diminué par un AVC, a confié à son fils Noureddin la charge de l’épauler dans les affaires présidentielles.

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Le président gabonais Ali Bongo avait été hospitalisé à Ryad à la suite d'un grave AVC. DR Crédit: AFP

En pleine redistribution des cartes au sommet du pouvoir gabonais, le président Ali Bongo Ondimba, qui avait succédé il y a 10 ans à son père déjà à la tête de l’Etat depuis 42 ans, a appelé au grand jour son fils aîné pour l’épauler au sein de la présidence.

A l’issue d’un Conseil des ministres, le gouvernement a créé jeudi le poste de “coordinateur général des affaires présidentielles”, attribué à Noureddin Bongo Valentin, le fils du président. Sa mission : “Assister le président de la République dans la conduite de toutes les affaires de l’Etat et veiller à la stricte application de ses décisions”. Il dispose ainsi d’un cabinet.

Laccruche tombe de haut

Cette annonce intervient après le lancement, mi-novembre, d’une vaste opération anticorruption baptisée “Scorpion”, qui a mené à l’interpellation d’une vingtaine de hauts responsables de l’administration. Et surtout à celle de l’ancien tout puissant chef de cabinet de la présidence, Brice Laccruche Alihanga.

Devenu le véritable homme fort du pouvoir durant la longue convalescence de M. Bongo, victime d’un accident vasculaire cérébral (AVC) il y a un an, M. Laccruche, âgé de 39 ans, a été limogé le 7 novembre à la surprise générale, après deux ans de service.

Le chef de l’Etat, au pouvoir depuis 10 ans quand il a été élu après le décès de son père Omar Bongo, est alors considérablement affaibli par son AVC et disparaît de longs mois, en convalescence au Maroc, puis s’affichant en public à de très rares occasions.

La fulgurante carrière politique de M. Laccruche suscite alors de nombreuses critiques, dans l’opposition comme chez certains caciques du régime. Il se lance notamment dans une tonitruante “tournée républicaine” estivale à travers tout le pays. Il est alors présenté comme “le messager intime” d’Ali Bongo, loin du rôle et du rang d’un directeur de cabinet.

En quelques mois, M. Laccruche place ses proches à des postes clefs au sein du gouvernement au gré de nombreux remaniements, dans des administrations publiques, et jusqu’à la tête des services de sécurité.

Mais la chute se révèle finalement bien plus vertigineuse que l’ascension. Sans crier gare, il est remercié et nommé à la tête d’un ministère sans pouvoir au lendemain de son limogeage comme chef de cabinet de M. Bongo. Plusieurs de ses proches sont interpellés, notamment son frère et son bras droit, Ike Ngouoni, alors porte-parole de la présidence. Tous sont soupçonnés de “détournement de fonds publics”. Brice Laccruche est à son tour interpellé le 3 décembre, avec de deux de ses proches devenus ministres et limogés, comme lui, la veille.

L’opposition dénonce une “monarchisation” du Gabon

Le président procède alors à de nombreux changements, au sein de l’appareil judiciaire, comme dans les services de sécurité. Au même moment, l’opposition et les analystes avancent que Noureddin Bongo disposerait d’un bureau au palais présidentiel, tout près de celui de son père.

Face à ce bouleversement de la vie politique gabonaise, une partie de l’opposition continue d’affirmer que le président Bongo, qui multiplie depuis quelques semaines les apparitions, manifestement en meilleure forme, n’est plus en capacité de diriger le pays.

Le collectif d’opposants “Appel à agir”, qui demande une expertise sur la santé du président depuis mars, estime que “les impostures se succèdent à la tête du pays”. Il dénonce “une monarchisation” du Gabon, affirmant, comme la presse d’opposition, que les récents bouleversements témoignent du “pouvoir grandissant de l’épouse”, Sylvia Bongo, et du fils d’Ali Bongo, Noureddin.

 

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