CHU de Casablanca, semaine 2 : “Il n’y a pas le feu, mais il faut se préparer au pire”

Après les annonces fortes de ce week-end, l’inquiétude de la population commence à affecter les structures hospitalières. Nous sommes allés prendre la température au CHU Ibn Rochd de Casablanca, avec le chef de service des maladies infectieuses, Professeur Kamal Marhoum El Filali.

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Yassine Toumi / TelQuel

Les annonces du week-end concernant les restrictions en termes de rassemblement et la fermeture des écoles ont été un facteur d’inquiétude pour de nombreux Marocains, amenant le personnel de l’hôpital à changer quelques pratiques. Au CHU Ibn Rochd de Casablanca, le chef de service des maladies infectieuses, Professeur Kamal Marhoum El Filali, nous raconte ce lundi de reprise.

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TelQuel : Quel était le ressenti sur l’activité au CHU ce matin ?

Kamal Marhoum El Filali : Heureusement que l’on s’y prend maintenant. Si nous avions commencé à gérer la situation une fois très envahi par le Covid-19, imaginez la catastrophe. Car les gens se serrent au lieu de s’espacer. Il s’agit maintenant de mettre en place des mesures extrêmement rigoureuses, qui seront contraignantes, mais nécessaires.

“Il va falloir que les gens acceptent de vivre avec ces nouvelles mesures, car c’est le seul moyen de réduire le problème”

Il va falloir que les gens acceptent de vivre avec ces nouvelles mesures, car c’est le seul moyen de réduire le problème. Je parle par exemple des mesures de visites aux malades. Elles se tiennent de 17 à 18 heures. En dehors de cet horaire, les gens seront mieux chez eux qu’à l’hôpital en train d’attendre, il faut qu’ils le comprennent, c’est aussi simple que ça.

Y a-t-il une organisation spéciale dans le service?

Des gens attendaient ce matin pour récupérer des traitements et autres, comme d’habitude, mais nous avons expliqué qu’ils devaient rester éloignés les uns des autres. Je leur ai dit que les consultations allaient être accélérées, car moins les patients passent de temps dans le service, mieux c’est pour tout le monde.

“Beaucoup de choses doivent changer pour nous permettre de nous préparer”

Nous nous organisons pour que les choses aillent vite et que les traitements de longue durée soient délivrés. Nous gérons beaucoup de patients atteints par le VIH, donc nous essayons de leur délivrer des traitements qui dureront plusieurs mois pour qu’ils n’aient pas à revenir sur les lieux.

Il faut aussi rassurer le personnel soignant qui est très inquiet. Désormais, nous sommes bien espacés pendant les réunions, afin de limiter les risques éventuels. Pour les patients, les choses vont changer. Tout ce qui peut être retardé le sera, beaucoup de choses doivent changer pour nous permettre de nous préparer. Il s’agit de ne pas perdre pied quand la vague arrivera.

J’adhère à 100 % aux mesures décidées, elles sont là pour nous protéger. Il n’y a pas le feu, mais il faut se préparer au pire et que les structures de santé soient soulagées de façon à faire face.