Chronique d’un confinement. Jour 33

Confinée dans son appartement parisien, notre chroniqueuse Fatym Layachi nous fait le récit quotidien d’une vie entre quatre murs.

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Jour 33. “Si tu ne participes pas à la lutte, tu participes à la défaite”

Samedi 18 avril

Jour 33

En ce moment, au Maroc, il se passe un truc immonde. La communauté marocaine LGBT+ est victime d’une atroce campagne de dénonciation. Cette chasse aux sorcières est orchestrée par une célébrité des internets. Sur Instagram, elle a appelé ses dizaines de milliers followers à créer de faux comptes sur les applis de rencontres gay afin de “piéger” le plus grand nombre de personnes et de révéler publiquement leur intimité.

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Je n’ose imaginer les drames familiaux, les détresses, les chagrins et la peur que cette vendetta a dû provoquer. Cette personne a sciemment envoyé des dizaines de femmes, d’hommes, de jeunes dans les limbes. Elle les a peut-être poussés au suicide. Peut-être exposés à des violences extrêmes, à des lynchages.

Je ne chercherai pas à essayer de comprendre pourquoi cette personne cruelle a fait ça. La perversité de son cerveau ne m’intéresse pas. Ça ne relève pas de la psychiatrie. Ça relève du pénal. Elle devrait être arrêtée et jugée pour incitation. Peut-être même pour complicité d’homicides.

Je ne suis encartée dans un aucun parti, je ne crois en aucun dogme politique. La seule conviction que j’ai en matière d’engagement est une phrase de Brecht que j’ai lue à 15 ans taguée sur un mur : “Si tu ne participes pas à la lutte, tu participes à la défaite”. Et aujourd’hui, ne pas se tenir aux côtés de la communauté homosexuelle c’est contribuer à faire sombrer une part de notre humanité. C’est être complice de bien des drames.

Puisque j’ai la chance de pouvoir parler, de pouvoir écrire, de pouvoir m’exprimer. J’ai la chance d’avoir cette liberté. J’ai la chance de travailler pour un média qui a toujours milité pour les libertés individuelles. Pour la défense des droits humains.

Alors j’en profite pour redire qu’aimer est un droit. Un droit fondamental. Un droit qui devrait être inaliénable. J’en profite pour redire que la morale et la loi n’ont rien à faire entre deux adultes consentants. Et que le législateur n’a pas à se mêler de ce qu’il se passe dans nos culottes.