‘18 Cadeaux’ ou l’histoire d’une rencontre fortuite

Touchant, émouvant, surprenant. ‘18 cadeaux’ est plus qu’un film sur le sentiment d'abandon que connaît une enfant “délaissée” par un de ses parents. C’est une œuvre sur l’amour et la transcendance dont est capable l’être humain.

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18 cadeaux
18 cadeaux n'est pas seulement un film mélodramatique italien. Crédit: DR

Le cinéma italien frappe encore dans un genre que ses cinéastes maîtrisent depuis longtemps : le mélodrame. Il nous fait voyager dans la psychologie des personnages, et leurs traumatismes d’enfance, pour nous approcher au plus près du réalisme du quotidien. Il réussit aussi à s’adapter à chaque époque.

18 cadeaux de Francesco D’Amato ne déroge pas à cette règle. Il s’interroge sur un problème qui a toujours existé mais qu’on devine plus en vogue en ce moment : la relation parentale et le sentiment d’abandon que connaissent les enfants.

Au début du film, on pourrait croire à une énième tentative d’interroger le sentiment amoureux du couple. Une sorte de La Notte d’Antonioni ou encore Une Journée particulière d’Ettore Scola. Il n’en est rien. La différence entre ces anciens réalisateurs et leurs héritiers : la fantaisie en plus.

Affiche 18 cadeaux
18 cadeaux (18 regali), de Francesco D’Amato, 2020, 1 h 54 min. En ligneCrédit: DR

A priori, c’est l’histoire d’une femme de la petite bourgeoisie qui vit une merveilleuse histoire avec son compagnon. Ils attendent un enfant et sont plongés dans leurs problèmes du quotidien. Le spectateur pourrait croire à un récit sur le schéma classique des enjeux du couple jusqu’à un climax autour de l’enfantement…

Sauf que trois mois avant son accouchement, la jeune femme va découvrir qu’elle souffre d’un cancer en phase terminale. Elle mourra peu après la naissance de sa petite fille. L’enfant devra vivre avec ce traumatisme.

Pour soigner ce mal, la mère va lui laisser 18 cadeaux. La petite Anna découvrira chacun de ces cadeaux à chacun de ses anniversaires.

Peu importe les objets

Le personnage d’Anna, comme tout enfant qui connaît le sentiment d’abandon, va développer au fur et à mesure des réflexes d’agressivité vis-à-vis de son père. Elle arborera une posture de jeune fille, puis d’adolescente solitaire et insensible.

Un sentiment déjà visité par d’autres films. Mais c’est autour des 18 cadeaux que tout va sembler se jouer. Un procédé classique pour transformer les émotions d’un personnage jusqu’à arriver à la salvation.

Le génie de ce film repose sur l’utilisation d’un accident qui va soudainement projeter Anna dans un univers parallèle, où elle rencontre un monde qu’elle a réellement connu, mais dont elle ne se souvient pas.

18 Cadeaux est ainsi touchant de par le jeu de piste qu’il crée. Les scénaristes ont choisi une structure narrative linéaire et normative, tout en transportant le spectateur dans un monde imaginaire et fantaisiste.

Ce “réalisme magique”, et ce mélange des genres cinématographiques assez porteur en ce moment, happe le spectateur bouleversé qui en oublie le risque de platitude qui guette à chaque coin de rue.