À Tanger, les autorités effacent une œuvre en hommage à Leila Alaoui avant de faire machine arrière

Le street-artist Mouad Aboulhana réalisait une fresque murale en hommage à la photographe Leila Alaoui lorsqu’il a vu son travail brusquement suspendu, le 24 juin. Le visage de l’artiste décédée en 2016 a été recouvert par de la peinture blanche suite aux instructions des autorités locales de Tanger. Retour sur une polémique.

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Facebook / Green Youth Movement

C’est comme si on la tuait une seconde fois. Voir le visage de ma fille effacé a été violent pour moi et ma famille.” Les mots sont de Christine Alaoui, la mère de la jeune artiste franco-marocaine disparue le 18 janvier 2016 après avoir été grièvement blessée lors de l’attaque terroriste de Ouagadougou.

Jeudi 24 juin, une œuvre en hommage à la photographe, peinte par Mouad Aboulhana, disparaît de la façade du Technopark à Tanger. “J’avais commencé quatre jours plus tôt à dessiner le portrait de Leila Alaoui, j’y étais presque, quand les autorités locales sont venues m’interrompre pour me demander d’effacer son visage”, nous raconte le street-artist sélectionné suite à un concours de l’espace culturel Dabatek à Tanger. L’information fait rapidement le tour des réseaux et exaspère la Toile.

Volte-face

Quelques heures plus tard, la décision a été reconsidérée suite à des instructions du wali de la région Tanger-Tétouan-Hoceima. “Je ne savais pas quoi faire au moment où ils peignaient son visage en blanc. Heureusement qu’il y a eu une réunion avec le wali pour leur faire changer d’avis”, explique Mouad.

“Heureusement qu’il y a eu une réunion avec le wali pour leur faire changer d’avis”

Mouad Aboulhana, artiste

Contacté par nos confrères de TelQuel Arabi jeudi, le wali de Tanger ignorait les faits. Il s’agirait d’un malentendu entre les superviseurs du quartier et les autorités locales.

Du côté de la famille de la défunte, c’est le soulagement. D’autant plus que “Leila avait beaucoup travaillé dans cette région, avec Dabatek, au Technopark de Tanger, où elle a fait des ateliers d’art”, se souvient Christine Alaoui.

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Ce n’est pas la première fois qu’une œuvre de street-art est gommée de l’espace public. L’artiste italien Millo en avait fait l’expérience en 2020, lorsque sa fresque murale à Derb Omar a été effacée à la demande du propriétaire de l’immeuble.

“Handle with care”, l’œuvre réalisée en 2019 par Millo, a été effacée.Crédit: millo.biz

À Souk El Arbaa, une autre fresque signée Othmane Omba avait été saccagée par des inconnus quelques heures après sa création.