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Pluviométrie-croissance: de la dépendance à la résilience

Le ministère de l’Agriculture œuvre pour renforcer la résilience du secteur face aux aléas de la pluviométrie. Une des solutions est l’irrigation localisée. Seul bémol, la non qualification des agriculteurs.

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Chaque année, les prévisions de croissance du Haut Commissariat au Plan (HCP) sont corrigées à la lumière de l’évolution des précipitations de l’année en cours. La part du PIB agricole dans le PIB national varie en fonction du volume des précipitations enregistrées. Ainsi, en 2007, année marquée par une rareté des pluies, la part du PIB agricole dans le PIB était à son plus bas niveau depuis 1980, se situant à seulement 12,2%, contre une moyenne de 16,65% sur l’ensemble de ces années.

En janvier 2018, le HCP avait encore une fois revu à la baisse les prévisions de croissance. En cause, une pluviométrie automnale moins abondante qu’en 2017, avant que ces craintes ne soient dissipées après la résorption du déficit pluviométrique quelques semaines plus tard. Ainsi, les précipitations enregistrées jusqu’au mois de mars 2018 font ressortir un taux confortable de remplissage des barrages, situé à 52% au début du même mois.

Les surfaces irriguées restent faibles

Cela étant, les surfaces irriguées ne représentent que 15% de l’ensemble de la superficie cultivée. Ces domaines contribuent en moyenne à la création de 45% de la valeur ajoutée agricole et peuvent atteindre 70% de cette même valeur lors des années de sécheresse. Ils représentent en volume 75% des exportations agricoles marocaines, d’après les données révélées par le ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts. La faible proportion des terres irriguées explique, en partie, la grande dépendance de la croissance de la valeur ajoutée agricole par rapport au niveau de pluviométrie. Les terres Bours représentent toujours la plus grande partie des terres agricoles cultivables. A ce propos, le ministère de l’Agriculture tente de renforcer la résilience du secteur agricole en encourageant la mise en place de solutions pour l’irrigation des espaces cultivables. Et les arguments ne manquent pas : “(l’agriculture irriguée) assure près de 120 millions de journées de travail par an, soit environ 1,65 million d’emplois, dont 250.000 permanents. A cela il faut ajouter l’amélioration des revenus des agriculteurs qui, grâce à l’avènement de l’irrigation, ont été multipliés par 5 à 13 fois selon les périmètres, le désenclavement et l’accès aux autres services publics communaux, comme l’eau potable et l’électrification”.

Méthodes d’irrigation innovantes

L’une des solutions préconisées par le ministère de l’Agriculture est l’irrigation localisée. Celle-ci consiste à optimiser la distribution pour à la fois réaliser une économie importante d’eau et atteindre un rendement agricole maximal. D’après une étude réalisée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, en partenariat avec les royaumes du Maroc et d’Espagne, l’irrigation localisée consiste à alimenter les racines des plantes avec le minimum d’érosion et d’évaporation possibles en garantissant leurs besoins journaliers en eau. Il est à souligner que les agriculteurs souhaitant mettre en place ce mode d’irrigation bénéficient d’une subvention étatique allant de 80 à 100% dans le cadre du Plan Maroc vert.

Toutefois, des freins d’ordre humain s’opposent parfois à la bonne mise en marche de cette technologie. L’irrigation localisée étant complexe, elle nécessite des connaissances et un savoir-faire de la part de l’agriculteur, véritable talon d’Achille du programme, en pratique et comme le note le rapport de la FAO, “la plupart des agriculteurs ne prennent pas les précautions nécessaires pour la réalisation des projets et souffrent de lacunes pour la maîtrise des équipements d’irrigation localisée qui nécessitent l’avis d’experts”.

De ce fait, une partie de la réponse sur le renforcement de la résilience du Maroc face aux aléas de la pluviométrie réside dans la qualification et la mise à niveau du facteur humain.

Capacité d'irrigation d'un champ agricole

Article de Telquel Content Studio rédigé par Converge Media. Telquel Content studio est un département du groupe Telquel Media, indépendant de la rédaction.