“Danger du e-commerce” : Ce qu’a vraiment dit Elalamy au CYFY de Tanger

Le 9 juin lors d’un discours au Congrès de la technologie et de l'innovation (CYFY) de Tanger, le ministre de l’Économie numérique a ouvert une “parenthèse” alarmiste sur les “dangers du e-commerce”, notamment pour le commerce de proximité.

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Le ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Économie numérique Moulay Hafid Elalamy a pointé du doigt les “dangers du e-commerce” dans un discours au Congrès de la technologie et de l’innovation (CYFY) de Tanger le 9 juin, a relevé L’Économiste. Selon LeDesk.ma, cette sortie a valu à MHE d’être “éreinté sur les réseaux sociaux”. TelQuel a retrouvé l’intervention filmée dont voici une transcription de l’extrait en question.

Nous constatons que le citoyen est désormais connecté. Son mode de consommation est en pleine transformation. Par exemple sur le volet du e-commerce, cette évolution de ces dernières années est marquée par une croissance à plus de 50 % annuels, et avec plus de 13 millions de Marocains qui ont acheté sur Internet en 2018. Cette transformation, de la consommation, de la production, de la commercialisation, a atteint l’ensemble des couches de la population”, énonce Moulay Hafid Elalamy.

Il poursuit : “Cette transformation digitale profonde, que connait le monde, est en train d’amener un certain nombre de changements qui sont à la fois ‘disruptifs’, comme disent certains, ou créateur de richesse et d’emploi. La problématique est que nous sombrons de temps en temps dans une mode du digital. Et je voudrais faire référence à quelques petits dangers qu’en particulier l’Afrique peut avoir à gérer en faisant un petit focus sur le e-commerce. Le e-commerce est à la fois une opportunité d’exception. C’est aussi une mode. Plus personne ne vit sans cliquer pour réaliser ses achats.”

Si on y regarde de plus près, jusqu’à présent, les relations commerciales bilatérales ou multilatérales sont souvent organisées de manière asymétrique ; quand un pays moins puissant économiquement traite avec un pays plus puissant, des accords se font de manière asymétrique, permettant aux pays les moins puissants de continuer à exister dans ce commerce mondial. L’arrivée du e-commerce et son évolution sont en train de laminer gentiment cette partie asymétrique. Si on pousse le raisonnement un peu plus loin et qu’on ouvre toutes les portes du e-commerce, je me pose la question : qu’adviendra-t-il du monde moins puissant, face au monde puissant, lorsque le e-commerce prendra son ampleur totalement ?”, déclare le ministre marocain.

Et de répondre : “Eh bien, le petit commerçant qui dans nos économies est fondamental — il joue des rôles de proximité, d’accompagnement, de crédit, d’amortisseur social, mais demain — et ce demain peut être très proche — le e-commerce fera qu’il disparaitra”.

Moulay Hafid Elamy donne ensuite un exemple : “J’en veux pour preuve, que nous avons ouvert au Maroc il y a très peu de temps la possibilité d’acheter sur Internet pour un petit montant, pour voir les résultats que ça pouvait donner. La Poste, qui relève de notre ministère, a créé une petite filiale il y a quelques années. On constate que les jeunes n’achètent plus de clé USB au marché. Ils les achètent à l’international, par exemple en Chine et les reçoivent dans des petites enveloppes à la maison.

Le ministre s’interroge : “J’essaye juste de me dire ; si on ouvrait totalement, qu’adviendrait-il de ce commerçant de proximité, de la production de ce pays ? C’est pour vous dire qu’il y a des sujets stratégiques importants qui doivent être adressés dans plusieurs forums. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé d’accompagner ce forum et d’autres pour contribuer à la réflexion”.

Et de conclure : “Ces changements dus au digital vont apporter énormément de choses positives. J’ai voulu volontairement mettre le doigt sur des points qui pourraient entrainer des destructions d’emploi dans différents pays et qui nécessitent des réflexions en profondeur. Je ferme la parenthèse des dangers qui pourraient nous guetter, pour rouvrir celle du futur plutôt intéressant, rose et qui permet de voir l’avenir avec plus d’optimisme. En effet, le digital est une chance exceptionnelle pour le continent”.