Le roman catalan de Saint-Jacques

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Port de la Selva, 6 heures. Le soleil se lève, posant des taches d’or sur la Méditerranée. Dans les ruelles escarpées de ce village de pêcheurs, les ombres rétrécissent. Il est l’heure de partir sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Laissant derrière lui les chapelets de maisons blanches, le sentier s’élance vers la montagne, au milieu des oliviers et des chênes-lièges. Un sentier moins emprunté que celui du Puy-en-Velay et auquel le gouvernement de Catalogne a redonné une existence officielle en mars 2010.

Première étape, le monastère de Sant Pere de Rodes, accroché au rocher, l’un des points forts du pèlerinage. Campé à 520 mètres d’altitude au bord de la Méditerranée, le monastère bénédictin offre un point de vue étonnant sur le cap Creus et ses roches tailladées par les vagues. À l’ombre des pierres séculaires, l’histoire suinte des chapiteaux sculptés et rend hommage à ceux qui bâtirent ce chef-d’oeuvre d’art roman. C’était au Xe siècle, à l’époque où le pèlerinage catalan commençait à prendre de l’ampleur. Traversant la frontière au col de Panissars, à La Jonquera, les pèlerins ouvrirent une voie riche de sites à découvrir.

Patrimoine religieux

À commencer par tous ces villages, Pau, Vilajuïga, Peret et Marza, à l’abondant patrimoine religieux. Peralada et Vilabertran en sont peut-être les plus beaux exemples. Le premier, par ses rues étroites héritées du Moyen Âge. Le second, pour son monastère augustin doté d’un cloître roman. Sur le chemin également, Figueres, la patrie de Dali, puis Gérone. Assise de part et d’autre de la rivière Onyar, c’est une ville commerçante dont les vieux quartiers escaladent la colline en un lacis de rues médiévales, ouvrant sur des patios secrets.

La Catalogne regorge de ces trésors, tout comme, plus au sud, Vic et le mont Sant Benet. À 50 kilomètres de Gérone, Vic a conservé sa superbe Plaça Major, ceinturée d’arcades et de maisons baroques ou Renaissance. Plus loin, du côté de Manresa, le monastère Sant Benet de Bages a trouvé un nouveau souffle en ouvrant ses portes aux visiteurs, avec un parcours moderne et didactique, dans un replat de la montagne, avec, en toile de fond, les aiguilles polies de Montserrat. Perdue au milieu de nulle part, l’abbaye Santa Maria, elle, est adossée à la roche. Un sanctuaire y est dédié à la Vierge, bercé par le plus ancien choeur de garçons d’Europe. Le décor de cheminées de fée dans lequel elle s’ancre est l’incarnation d’une Catalogne profonde, inspirée.

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