Nue, pleine de contusions et de sang, elle est extirpée de la foule pour atteindre le camion d’ambulance. Elle a 19 ans et vient de se faire violer. La scène a été filmée dimanche 9 juin, en plein cœur du Caire, place Tahrir. Postée sur Youtube, la vidéo a été vue plus de 500 000 fois en deux jours. Les images ont été authentifiées par les autorités.
L’agression sexuelle de cette femme durant la célébration de l’investiture d’Abdel Fattah al-Sissi a choqué beaucoup d’Egyptiens. L’Etat a annoncé qu’une enquête a été ouverte et que sept suspects ont été arrêtés. Agés de 16 à 49 ans, ces hommes sont accusés d’avoir harcelé sexuellement plusieurs femmes lors de ces manifestations, d’après l’AFP.
Face aux images, la twittosphère s’est indignée. De leurs côtés, certains médias égyptiens s’offusquent aussi. Aujourd’hui, on pouvait par exemple lire « Exécutez-les ! » sur la manchette du journal cairote indépendant Al Watan. Même si de telles images renseignent sur l’horreur du viol, TelQuel a préféré ne pas diffuser la vidéo qui comportent des séquences très violentes.
Une agression loin d’être un acte isolé
L’association « I saw Harassment » fait état de cinq cas d’agressions sexuelles ce dimanche place Tahrir. Dans un communiqué, l’association déclare qu’il est « honteux que les responsables de sécurité du ministère de l’intérieur n’aient pas adopté de mesures pour empêcher de telles agressions qui sont régulières« .
En effet, la situation des femmes en Egypte est déplorable, notamment depuis la révolution de 2011. Elles se font maintenant régulièrement attaquer lors des rassemblements. D’après l’ONG Human Rights Watch, près de 100 femmes ont été attaquées lors des quatre jours de manifestations réclamant la destitution de Mohammed Morsi à l’été 2013. Mais les délits de ce genre avaient été dénoncés bien avant. En 2011, plusieurs journalistes étrangères avaient témoigné des agressions dont elles avaient été victimes. D’après une étude de l’ONU publiée en 2013, 99% des femmes en Egypte affirment avoir été victimes d’agression et de harcèlement sexuel.
Le 5 juin dernier, la présidence égyptienne a annoncé qu’une série de nouvelles sanctions pour punir le harcèlement sexuel, allant de l’amende à la prison ferme, venaient d’être adoptées.
Dans le sillage de cet événement de dimanche, une autre vidéo fait beaucoup parler d’elle. Il s’agit du direct de la chaîne al-Nahar TV. Quand la correspondante place Tahrir annonce que plusieurs viols ont été commis, la présentatrice de la chaîne présente en studio rigole et lance un insultant « parce qu’ils sont contents« .
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