La Libye sous la menace d'une guerre civile

Les combats entre milices armées rivales autour de l'aéroport de Tripoli risquent de plonger la Libye dans la guerre civile. Les autorités envisagent de demander l'aide d'une force internationale.

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Risque de guerre civile en Libye.
L'épave d'un camion et d'un avion à l'aéroport international de Tripoli dans la capitale libyenne suite aux combats entre groupes armés rivaux. Crédit : AFP

Plusieurs routes de la capitale libyenne ont été bloquées mardi 15 juillet par des protestataires qui ont brûlé des pneus, à la suite d’appels à la désobéissance civile lancés sur les réseaux sociaux pour dénoncer l’attaque contre l’aéroport, selon des témoins. Plusieurs banques et commerces sont restés fermés.

La dernière flambée de violences en date a éclaté dimanche avec une attaque lancée par des milices islamistes qui ont tiré depuis des dizaines de roquettes sur l’aéroport international contrôlé depuis 2011 par des brigades anti-islamistes.

Plusieurs installations et une dizaine d’avions ont été endommagés à l’aéroport qui a été fermé pour trois jours en raison de la poursuite par intermittence des combats, mais les vols ne pourront reprendre que « dans plusieurs semaines, voire mois » selon une source aéroportuaire. Les milices islamistes sont considérées comme le bras armé du courant islamiste au sein des autorités alors que les brigades anti-islamistes qui viennent de la ville de Zenten (sud-ouest de Tripoli) sont considérées comme la force militaire du camp libéral.

Les enjeux législatifs à l’origine du conflit

Pour des analystes, ces nouvelles violences sont liées aux élections législatives du 25 juin dont les résultats définitifs seront annoncés le 20 juillet. Mais selon des diplomates, le courant libéral a obtenu une majorité devant les islamistes lors du scrutin où seuls des « candidats individuels » et pas forcément indépendants ont pu se présenter après l’interdiction des listes politiques.

« Il y a une partie qui a perdu les élections et qui tente de gagner en influence autrement », a estimé, en allusion aux islamistes, Othmane Ben Sassi, ancien membre du Conseil national de transition (CNT), bras politique de la rébellion en 2011. Et d’ajouter « si le gouvernement a échoué il vaut mieux qu’il démissionne plutôt que de demander une intervention étrangère. Il faut mettre fin rapidement au conflit sinon le pays se dirige tout droit vers la guerre civile ».

Pour l’analyste libyen Mohamed Eljarh, « l’assaut sur l’aéroport peut être interprété comme une mesure préventive (des islamistes) qui tentent de s’emparer d’installations importantes dans la  capitale ». « Les islamistes sont déterminés à se maintenir en tant qu’acteur majeur sur la scène politique, après leur défaite aux élections et la menace croissante de l’opération du [général dissident Khalifa] Haftar contre les islamistes dans l’est libyen », a-t-il ajouté.

Dans ce contexte chaotique, le gouvernement a déclaré examiner « la  possibilité de faire appel à des forces internationales sur le terrain pour rétablir la sécurité et [l’] aider à imposer son autorité ».

Réaction de la communauté internationale

Paradoxalement, la mission de l’ONU en Libye (Unsmil) qui assistait les autorités de transition dans la reconstruction des institutions, a annoncé lundi le « retrait temporaire de son personnel de Libye pour des raisons de  sécurité ».

La France a, quant à elle, dit avoir « pris note » de l’appel du gouvernement libyen, en précisant qu’il revenait avant tout à l’ONU de l’examiner.

Le secrétaire d’Etat John Kerry a de son côté dit « travailler très dur » pour remédier à la situation « dangereuse » en Libye, un pays qui ne s’est pas stabilisé depuis la révolte qui a renversé en 2011 le dictateur Mouammar Kadhafi avec des groupes formés d’ex-rebelles faisant la loi sur fond d’âpres luttes d’influence à la tête de l’Etat.

Après la fermeture de l’aéroport de Tripoli, celui de Misrata (ouest) a été contraint aussi de suspendre ses vols, dans la mesure où il est lié à la tour de contrôle de la capitale. Seuls les aéroports des villes d’Al-Baida et de Tobrouk (est) sont encore en service.

Ailleurs dans le pays, à Benghazi, chef-lieu de l’Est, des combats opposent depuis lundi les forces de sécurité à des groupes islamistes qui contrôlent l’hôpital Al-Jala. Bilan : 7 morts et 49 blessés, selon une source hospitalière. La ville est en outre le théâtre de combats quotidiens entre combattants islamistes et forces paramilitaires du général Haftar qui avait lancé à la mi-mai une offensive contre les groupes islamistes, qualifiés de « terroristes ».

En dépit des violences, la production du pétrole en Libye a repris une courbe ascendante, après la levée début juillet des blocages des ports pétroliers dans l’est du pays, faisant reculer les cours à New York sous la barre des 100 dollars le baril.

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