Malika Id Darouz, musulmane originaire d’Agadir, est la gardienne de deux lieux historiques de la communauté juive d’Essaouira, le cimetière israélite et la synagogue de Haïm Pinto. Cette dernière, située non loin de Bab Doukkala, au Mellah de Mogador, était la maison de Rabbi Haïm Pinto. Construite en 1837, elle est toujours debout au milieu des décombres et résiste aux effondrements qui touchent la plupart des habitations du Mellah.
Aujourd’hui, c’est Malika qui garde précieusement les clefs de ce patrimoine judéo-marocain. Elle était secrétaire dans un bureau d’avocat quand les rabbins ont fait appel à ses services. Sans hésitation, elle a repris la succession de son père afin de pérenniser l’héritage d’un des plus grands saints juifs du Maroc. Depuis 8 ans maintenant, c’est elle qui donne vie à ce lieu et accueille les pèlerins et les touristes. Comme chaque année, au mois de septembre, elle participe à l’organisation de la hiloula, une célébration pour commémorer Rabbi Haïm Pinto. « Plus de 2000 pèlerins y participent », affirme Malika.
Rabbi Haïm Pinto, histoire d’un Saint
Rabbi Haïm Pinto, né à Agadir en 1749, fait partie d’une grande famille de rabbins séfarades. A l’âge de 12 ans, il devint orphelin, la même année durant laquelle le tremblement de terre détruisit entièrement la ville d’Agadir. Parmi les réfugiés arrivés à Essaouira se trouvait alors le jeune Haïm. Il s’installa chez Rabbi Meïr Pinto, un proche de sa famille. Il étudia la Torah chez son nouveau maître, Rabbi Yaacov Bibas, le dayan (chef du tribunal rabbinique) de Mogador. À 18 ans, après la mort de son maître Yaacov Bibas, Haïm est mandaté pour devenir le dayan (juge) de la communauté juive d’Essaouira avec son ami Rabbi David Ben Hazan. En dépit de son jeune âge, la renommée et la réputation de Rabbi Haim Pinto dépassaient la forteresse de Mogador. « Il était considéré comme un saint chez les juifs et les musulmans », indique Malika. « Partout au Maroc, juifs et musulmans racontaient les miracles et les prodiges accomplis par Rabbi Haïm Pinto », explique pour sa part Rabbi David Pinto, son cinquième descendant.
Rabbi Haïm Pinto eut quatre fils : Rabbi Yossef, Rabbi Yochiahou, Rabbi Yéhouda et Rabbi Yaacov. Tous furent de grands tzadikim (des « hommes justes » en hébreu). Après une longue vie dédiée au service de la religion, Rabbi Haïm Pinto est décédé en 1845 à l’âge de 96 ans.
“synagogue préservée par une famille musulmane”
Musulmane? Qu’est ce que vous en savez? ces gens peuvent très bien être athées, agnostiques… qui dit marocain ne dit pas forcément musulman! il faut arrêter de prétendre savoir ce qu’il y a dans le coeur des gens en matière de spiritualité.
Je salue le geste de cette famille MAROCAINE qui participe à la prévention d’un ancien lieu de culte dont la valeur historique et culturelle est incontestable.