Le ministère de la Santé en veut à France 2 pour son reportage sur l’avortement clandestin

Le ministère de la Santé reproche à France 2 d’avoir tourné sans autorisation dans le service du docteur Chraibi, connu pour sa lutte contre l’avortement clandestin.

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Le professeur Chafik Chraïbi. Crédit : AFP

Le 11 décembre, l’émission Envoyé spécial, de France 2, a diffusé un reportage sur l’avortement clandestin au Maroc. Les journalistes y interrogent, entre autres, Chafik Chraibi, gynécologue président fondateur de l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin (AMLAC). Il y montre comment les grossesses non désirées peuvent conduire à des drames.

Le reportage ne semble pas avoir plu au ministère de la Santé. De là à sanctionner le docteur Chraibi ? C’est ce que prétend l’une de nos confrères qui annonce que le ministère « réclame des sanctions » contre le professeur et aurait envoyé une lettre au CHU de Rabat et au Conseil de l’ordre des médecins pour aller dans ce sens. Il reprocherait le manque d’éthique du gynécologue. De son côté, l’ordre des médecins réfute l’information « si on avait reçu une telle lettre, je l’aurais su », nous assure un membre de la direction.

Le ministère a visité le service la veille de la diffusion

Pourtant, « un membre de l’ordre des médecins m’a parlé d’une lettre mais qui n’évoque pas de sanction à mon encontre. Si le ministère est mécontent, c’est parce qu’il prétend qu’il n’y a pas eu d’autorisation de tournage » nous explique Chafik Chraibi lui-même.

Le médecin nous explique d’ailleurs qu’il a lui-même reçu une  « lettre d’éclaircissement » de la part du CHU, toujours à propos de ces autorisations. Il nous avoue surtout que dès l’annonce de la diffusion du reportage, le ministère a commencé « à s’agiter ». « La direction générale est passée dans le service la veille puis après la diffusion. Elle a interrogé tout le monde, sur les conditions de tournage etc. », nous raconte-t-il.

« Nous ne dévoilons pas un secret d’alcôve »

Un défaut d’autorisation très surprenant puisque la voix off de la vidéo commence d’ailleurs par « il nous a fallu du temps pour avoir l’autorisation de tourner ce reportage à Rabat ». Et Chafik Chraibi nous l’assure : « Ils ont eu l’autorisation du ministère de la Communication et du ministère de la Justice puisqu’ils ont tourné dans un tribunal, la Santé je ne sais pas ». Nous n’avons malheureusement pas réussi à avoir rapidement une réponse de la part des journalistes.

Pour le médecin, ce reportage n’avait rien d’inédit « c’est un reportage comme les autres, nous ne dévoilons pas un secret d’alcôve et c’est très important qu’on en parle », nous explique-t-il. Et d’ajouter : « le tournage ne s’est pas fait en cachette à quatre heures du matin, ils sont restés pendant quinze jours à la maternité ».

Le pouvoir immobile

En tous cas docteur Chraibi ne se dit pas du tout inquiet de quelconques sanctions, rappelant qu’il ne voit aucun tort : « J’attends plus des encouragements, je fais leur travail », évoquant le ministère de la Santé et celui des Femmes. A savoir s’il réalise des avortements de manière clandestine, comment l’avouent à demi-mot certains médecins dans le reportage d’Envoyé spécial, il répond : « quand on doit faire face à une situation dramatique, notre conscience professionnelle est de sauver ces femmes mais je ne suis jamais seul à prendre une décision, nous avons une direction collégiale avec un staff médical et la direction de l’hôpital ».

Lire aussi : Chafik Chraïbi : les arrestations de médecins pour avortement illégal sont « ridicules »

Faute d’être légalisé, l’avortement est souvent réalisé dans des situations abominables, provoquant de graves séquelles sur les femmes, voire leur décès. Aussi, certaines femmes sont contraintes d’abandonner leur bébé. Le professeur Chraibi milite pour que le ministère de la Santé éclaircisse la définition de la santé puisque l’article 453 du code pénal autorise l’avortement lorsque celle-ci est en danger. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) parle de santé psychique et de santé sociale. Celles-ci sont clairement menacées dans le cas de femmes violées ou en détresse financière.

Aussi, le médecin milite pour la prévention « bien sûr j’aimerais ne plus réaliser d’avortement », rappelant que l’éducation sexuelle est quasi inexistante. 

Lire aussi : Comment la légalisation de l’avortement est passée aux oubliettes

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  • L’avortement est bien souvent un pis aller pour des personnes souvent mineures ou majeures crédules qui se soumettent à des rapports sexuels plus ou moins librement consentis et sans aucune précaution,comme l’usage du préservatif.En situation de detresse morale,financière la femme ou la jeune fille enceinte s’enrement d’abord aux charlatans qui abusent de médications de grands-mères avec force de plantes et parfois même d’ustansiles coupants et non stériles.Celles qui font appel à la medecine moderne sont une minorité à jour de techniques et disposent de moyens financiers

  • Boumehdi
    Quelle triste mentalité…
    On se demande bien pourquoi le Maroc est toujours à la traîne sur divers sujets..
    J’espère que tu réfléchiras autrement quand cela arrivera à un membre de ta famille