Moins de 24 heures après le terrible attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo (mercredi 7 janvier), les Tunisiens, qui avaient prévu un rassemblement de soutien aux victimes du journal satirique, ont pris connaissance d’un communiqué dans lequel la branche de l’organisation terroriste État islamique en Libye revendiquait l’exécution des journalistes Sofiene Chourabi et Nadhir Ktari. Sous le choc, de nombreux Tunisiens se sont réunis en plein cœur de Tunis pour apporter leur soutien aux martyrs de la liberté d’expression.
« C’est la liberté d’expression qu’on assassine »
Le visage crispé, près de 200 personnes se sont ainsi réunies vendredi 9 janvier devant le Théâtre municipal de la ville de Tunis, situé en plein cœur de l’avenue Bourguiba. Une manifestation de soutien aux deux journalistes, qui se tenait à l’appel du président du Syndicat national des journalistes tunisiens, Néji Bghouri, qui entendait également mettre la pression sur le gouvernement tunisien afin qu’il se mobilise pour leur libération, dans l’hypothèse où ils seraient encore vivants.
Sofiene Chourabi, un journaliste et blogueur très actif durant la révolution tunisienne de 2011, et Nadhir Ktari, un caméraman, travaillaient en Libye sans autorisation pour la télévision tunisienne First TV. Les deux hommes ont été arrêtés par un groupe armé, dans la région d’Ajdabiya (est de la Libye) le 8 septembre dernier. Dans un communiqué publié le 8 janvier, branche libyenne de l’État islamique, le groupe terroriste affirme avoir « appliqué la loi d’Allah » à leur encontre.
Mais la nouvelle de l’exécution des journalistes n’a pour l’heure été ni démentie ni confirmée par les autorités tunisiennes. De même, aucune preuve des assassinats n’a été publiée par la branche libyenne de l’EI. Seulement une photo montrant vaguement un tir à bout portant, avec la légende « Application du jugement d’Allah sur Chourabi et Ktari, ces combattants d’Allah et corrupteurs sur la terre ».
Les Tunisiens manifestent leur soutien à Charlie Hebdo
Au milieu des pancartes à l’effigie de Sofiene Chourabi et Nadhir Ktari, on pouvait également voir de nombreux messages de soutiens à la rédaction de Charlie Hebdo.
« L’agression contre Charlie Hebdo, Chourabi et les journalistes, que ce soit en Occident ou en Orient, unit la lutte contre le terrorisme qui est l’ennemi commun de tout les peuples », déclarait ainsi Hmayed, technicien audiovisuel en brandissant le drapeau tunisien.
Un peu plus loin, Fatma, bénévole humanitaire brandissait une caricature du journal satirique français. « Ces gens-là veulent nous faire revenir en arrière avec leur califat moyenâgeux », dénonce-t-elle s’avouant encore sous le choc des évènements.
« C’est la même solidarité que nous devons montrer envers tout ceux qui entachent les bases de la démocratie et la liberté d’expression », nous a confié Nabila, chercheuse.
De nombreux journalistes ont également fait le déplacement devant le Théâtre municipal pour apporter leur soutien à leurs confrères. A Tunis, sans aucune certitude sur le sort de Sofiene Chourabi et Nadhir Ktari, l’attente reste éprouvante.
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