Benmoussa: «Le Maroc n'a jamais demandé une quelconque immunité» pour ses officiels

L'ambassadeur du Maroc en France a démenti le 20 janvier dans la soirée que le Maroc ait demandé la mise en place d’une immunité pour tous les responsables du royaume sur le sol français.

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Chakib Benmoussa. Crédit: Yassine Toumi

Chakib Benmoussa a publié mardi 20 janvier dans la soirée un communiqué dans lequel il dément catégoriquement que Rabat ait conditionné la restauration de la coopération judiciaire entre le Maroc et la France par la mise en place d’une immunité pour tous les responsables du royaume sur le sol français.

« Le Maroc n’a jamais demandé une quelconque immunité à ses officiels. Prétendre le contraire est un pur mensonge et un fait irresponsable. Ceux qui distillent ce genre d’insanités veulent en fait polluer la visite annoncée du Ministre des Affaires étrangères marocain à Paris », a prévenu l’ambassadeur dans son communiqué, selon le site du quotidien français Le Figaro. « Ils cherchent à biaiser la négociation en cours qui serait entre “un Maroc qui cherche à protéger des officiels coupables et une France attachée à l’application du droit et à l’indépendance de la justice”», poursuit le communiqué sans préciser qui sont les personnes ou les milieux qui « cherchent à biaiser la négociation ».

Pourtant, certains extraits des câbles diplomatiques confidentiels révélés par Chris Coleman révèlent que le 24 juin 2014, Chakib Benmoussa a rencontré le conseiller diplomatique du Premier ministre français Manuel Valls, qui lui aurait déclaré qu’il fallait « établir un nouveau cadre de discussions, porté par une autorité forte et symbolique, à l’instar du Premier ministre » et explorer « des réponses compatibles avec la constitution française de façon à protéger la relation bilatérale et organiser les compétences entre les deux justices lorsqu’il y a chevauchement sans donner l’impression qu’une justice peut se prétendre plus compétente ou supérieure à l’autre ».

Dans cette note confidentielle adressée à Salaheddine Mezouar, Chakib Benmoussa relate avoir « [mis en avant] la nécessité d’agir, à la fois sur le fond, pour éviter que ce genre d’événement [le dépôt de la plainte de Mustapha Adib pour torture à l’encontre de hauts responsables marocains, dont le général Bennani et le roi Mohammed VI, ndlr] ne se multiplie, et sur la symbolique pour marquer l’attachement à la relation bilatérale ».

La visite de Salaheddine Mezouar en France reportée

A noter que la visite à Paris du ministre des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar, prévue vendredi 23 janvier, a été reportée, a annoncé officiellement le porte-parole du Quai d’Orsay Romain Nadal ce mercredi 21 janvier en fin de matinée. « Nous travaillons à identifier avec les autorités marocaines une nouvelle date pour cette visite », a-t-il ajouté, précisant que M. Mezouar était « le bienvenu en France ».

Rappelons que quelques jours avant l’annonce de la visite de Salaheddine Mezouar, son homologue français, Laurent Fabius, avait annoncé se rendre « prochainement personnellement [au Maroc], qui […] est l’ami de la France ».

La France et le Maroc traversent une crise diplomatique inédite depuis près d’un an, depuis la convocation du patron de la DGST par la justice française en février 2014. La coopération judiciaire entre les deux pays a été suspendue par Rabat et celle sur la sécurité est également fortement affectée.

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