Mohamed Moubdii: «Noter les fonctionnaires pour lutter contre l'absentéisme»

Le ministre de la Fonction publique et de la modernisation de l'administration, Mohamed Moubdii, revient pour Telquel.ma sur les principales réformes et défis de l'administration marocaine.

Par

Mohamed Moubdii

Le gouvernement avait promis de moderniser l’administration, ainsi que de combattre la corruption qui la gangrène. Mais les différents rapports et les indicateurs montrent que ces objectifs sont loin d’être atteints.

On ne peut pas nier qu’il y ait de grands problèmes persistant dans l’administration marocaine. Mais les résultats des réformes que nous sommes en train d’entreprendre ne vont pas apparaître en un mois ou une année. De notre côté, au gouvernement, nous avons élaboré une stratégie nationale pour une moralisation de tous les services publics qui s’étalonnera sur plus de dix ans. Une commission composée de partenaires publics et privés, ainsi que d’élément de la société civile, sera chargée d’appliquer cette stratégie.

Il faudra donc attendre 10 ans pour une moralisation de l’administration publique ?

Je n’ai pas dis ça. J’ai dis que nous étions en train de veiller à cette moralisation, à travers de nouveaux textes de loi, une vision claire et une remise à niveau de plusieurs mécanismes qui handicapent le développement de l’administration marocaine. Il faudrait aussi que vous sachiez que la stratégie nationale pour combattre la corruption repose sur 5 fondements principaux : la bonne gouvernance, la prévention de la corruption et la condamnation de tout acte de corruption, mais aussi la formation, ainsi que la sensibilisation et l’éducation.

Les choses ne sont pas aussi faciles qu’on pourrait le penser. Il y a beaucoup de handicaps d’ordre structurel. Ainsi, 70% des fonctionnaires de l’administration marocaine sont des cadres, donc hors-échelle. Et ceci n’existe dans aucun autre pays du monde. Il ne faut pas également oublier que ceux qui sont arrivés à l’échelle 10, ne sont pas des universitaires. Ils ont souvent atteint cette échelle grâce à une promotion exceptionnelle ou grâce à l’expérience et l’ancienneté.

Concrètement, que comptez-vous faire ?

Nous allons prochainement publier une note à l’adresse des directeurs d’administration pour contrôler la présence des fonctionnaires, mais aussi les noter sur leur travail. Nous souhaitons nous pencher sur le problème de l’absentéisme, car il est inimaginable que l’État puisse dépenser de l’argent, sans qu’il n’y ait rien en échange. Deuxièmement, il y aura une révision de la loi organique relative à la fonction publique.

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Qu’en est-il des solutions pour palier aux problèmes des fonctionnaires fantômes ?

Ce sujet est sujet à différentes polémiques. Nous n’avons pas de chiffres précis et exacts. Oui, ce phénomène existe et certaines personnes perçoivent un salaire sans être présent. Tout ça, c’est vrai. Au-delà de toutes les polémiques, ce qui nous tient à cœur au sein du gouvernement c’est de trouver une solution efficace à ce problème, notamment en devisant un système de notation des fonctionnaires et de contrôle.

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Vous avez évoqué à différentes reprises l’e-gouvernement. Jusqu’à ce jour, aucun projet de loi n’a vu le jour. Qu’en est-il ?

Comme j’ai pu vous le dire, les défis et les problèmes de la réforme de l’administration publique sont nombreux et complexes. On doit prendre en compte le facteur humain, notamment via la formation continue. Par ailleurs, nous avons également initié plusieurs réformes au niveau de l’économie numérique.

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