Pour augmenter sa production, la Centrale laitière mise sur le rendement des petits éleveurs

La Centrale laitière lance un programme d’aide aux éleveurs et coopératives pour qu’ils produisent plus de lait tout en améliorant la qualité de leurs produits.

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Crédit : Chris Christner/Wikipedia.

Le 27 avril, la filière lait a signé un contrat programme avec l’Etat. Objectif : passer de 2,4 milliards de litres produits par an aujourd’hui à 4 milliards d’ici 2020. Mais comment produire plus ? La Centrale laitière a décidé de miser, entre autres, sur le rendement de l’activité des éleveurs. « Ils ne sortent qu’un tiers des capacités laitières de leurs vaches », explique Adil Benkirane, responsable achat à la Centrale laitière. L’entreprise lance alors le programme Halib Beladi (le lait de mon pays), qui consiste à développer la production des petits éleveurs en leur apportant l’expertise et les moyens financiers nécessaires. La Centrale laitière a présenté son projet à la presse le 20 mai lors d’une visite de la coopérative d’Inbiaate, près de Berrechid.

Concrètement, ce projet, qui devrait toucher 10 000 éleveurs et 73 coopératives dans trois régions, se décline en un volet formation et un volet financier. La Centrale laitière a prévu par exemple de leur payer l’insémination des vaches et l’installation de pompes et panneaux solaires pour l’irrigation, le fourrage et le fonctionnement des bacs à lait. Il faut dire que l’électricité est le premier poste de dépenses de ces éleveurs : « Pour un éleveur qui possède quinze vaches, la facture peut s’élever à 5 000 dirhams par mois », précise Adil Benkirane.

Ensuite, des techniciens vont suivre des centres de collecte et coopératives et 375 éleveurs retenus comme étant « à haut potentiel » pour les former et les aider à obtenir l’accès à l’électricité et à l’eau, par exemple. Selon les chiffres avancés par l’entreprise, 60 % des éleveurs n’ont toujours pas accès à l’eau aujourd’hui.

Des revenus plus importants pour les éleveurs

D’après la Centrale laitière, ce projet s’inscrit dans sa volonté d’améliorer la condition des petits producteurs, étant donné que s’ils augmentent leur production, leurs revenus devraient à leur tour augmenter. D’ailleurs, avec le projet pilote, appelé Qualilait, mené dans quelques coopératives de la région de Chaouia, leurs revenus ont augmenté de 12,5 %. Mais il s’agissait seulement d’une mise à niveau des centres.

L’amélioration de la qualité influence en effet directement les revenus des éleveurs puisque la Centrale laitière les paye en fonction d’un barème de prix prenant en compte trois critères : la stabilité (le pourcentage de germes), les matières grasses et les protéines. Problème : ces tests sont faits à la sortie des centres de collecte et coopératives. Ainsi, les laits de différents producteurs (et donc de différentes qualités) se mélangent avant.

Le programme a un coût de 7 millions d’euros. Il est financé « en partie par le fond écosystème Danone et en partie par la filiale », a expliqué Adil Benkirane qui n’a pas souhaité précisé l’apport exact de la Centrale laitière à ce projet, qui bénéficie aussi de l’aide d’organismes européens comme l’agence de coopération allemande. Il devrait permettre de produire 86 millions de litres en plus par an, sur les 700 millions actuellement de l’entreprise.

Malgré la consommation en baisse, produire plus

Lors de la conférence de presse, le représentant de la Centrale laitière a également expliqué que, toujours dans l’optique d’augmenter la production de lait, l’entreprise faisait aussi du « porte-à-porte pour convaincre de nouveaux éleveurs de produire du lait ». Des milliers de génisses sont également importées chaque année au Maroc.

Mais pourquoi vouloir augmenter cette production alors que la consommation est en baisse, comme le rappelle en ce moment la fédération du secteur dans sa campagne ? Adil Benkirane invoque l’argument sanitaire : « Le lait donne une réponse alimentaire aux déficiences des citoyens marocains. Le lait est parmi les produits les plus sains contre les carences ». Or, la production marocaine n’assure pas l’ensemble de la consommation nationale.

Lire aussi : Les industriels du lait, Centrale laitière en tête, font financer leur pub par l’État

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