Marché du travail, tourisme, endettement: le CMC fustige la politique économique

Le Centre marocain de conjoncture (CMC) donne des notes aux différents secteurs et variables de l’économie marocaine. Le bulletin est salé.

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Image d'illustration. Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

Le Centre marocain de conjoncture (CMC), observatoire privé, dresse un constat sévère sur l’économie marocaine. Dans sa dernière publication, il passe en revue différents secteurs et variables, en proposant des solutions pour améliorer la situation. Pour ce qui est de la croissance, il attribue un B +. D’après l’organisme, le modèle de croissance est fondé sur l’impulsion de la demande interne, mais largement approvisionnée par les importations. Pour le CMC, il est temps d’améliorer le climat des affaires, d’adopter un système fiscal rassurant, et d’éradiquer « l’économie de rente ».

Pour ce qui est du marché du travail, le CMC est encore plus critique, et note cette variable avec un C -. Pointant du doigt le chômage des jeunes diplômés, il relève, entre autres, le déséquilibre entre l’inadéquation entre les besoins des entreprises et les formations proposées et suivies par les étudiants.

Dette : « Défiez-vous de votre optimisme »

La dette extérieure publique ne mérite pas plus qu’un C, d’après le CMC, qui alerte : « Défiez-vous de votre optimisme ». D’après l’observatoire, le ministère de l’Economie et des Finances tout comme la Banque centrale, qui prévoient une stabilisation à court terme, ne sont pas réalistes. Le Maroc profiterait juste d’une bonne conjoncture mais ne saurait se passer plus longtemps d’une « réelle stratégie ».

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En ce qui concerne les échanges extérieurs, il reconnaît bien qu’il y a un allègement du déficit de la balance commerciale, et précise même que la baisse de la facture énergétique (baisse du cours du pétrole) n’est pas la seule explication. En revanche, il recommande un assouplissement des procédures administratives et la mise en place de nouveaux modes de financement des entreprises, relevant que d’après lui, elles sont pénalisées par le ralentissement du crédit bancaire et la réévaluation du Smig.

Climat des affaires : la réforme attendue

Le bonnet d’âne pointe au bout du nez de la politique économique du gouvernement. Le CMC revient sur le climat des affaires, en reconnaissant qu’il y a de bonnes résolutions, mais « le tout est de les tenir ! », alerte-t-il. Le C + attribué s’expliquerait pas « une apathie judiciaire récurrente, une corruption tentaculaire, un secteur informel déstabilisateur et un déficit en ressources humaines affligeants ». Pour les IDE, le CMC reconnaît les progrès, en citant notamment le dernier rapport doing business de la Banque mondiale qui classe le Maroc 87ème sur 189.

En ce qui concerne les secteurs de l’économie. Pour ne citer qu’eux, le CMC attribue un B –, aussi bien à l’industrie qu’au tourisme. Il regrette que la première ne participe qu’à 12 % du PIB. Pour le centre, le secteur demande « un traitement de choc », pour régler notamment les problèmes de la « productivité faible du travail » et du manque d’investissement technologique. L’industrie n’est pas assez attractive pour les investisseurs, qui préfèrent les services et le bâtiment, jugés plus rentables. « Une vision sans rupture mais aussi sans éclat », écrit le CMC à propos du tourisme. L’observatoire n’est pas le premier à le remarquer : le nombre de touristes augmente beaucoup plus que les recettes. D’après l’étude, la compétitivité sur les prix et la durabilité environnementale seraient les deux maillons faibles du secteur.

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