Moncef Belkhayat, notre Donald Trump à nous ?

Des gaffes à la pelle, un rapport desinvolte a l’argent et une large présence sur la toile. Moncef Belkhayat et le candidat républicain à la Maison-Blanche, Donald Trump, ont beaucoup en commun. Telquel.ma les a comparés.

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Il ne se passe pas une semaine sans que l’on ne parle de Moncef Belkhayat. Extravagant, sans tabous vis à vis de l’argent, à l’aise avec les médias, déroutant avec les autres candidats, venant du milieu des affaires… Tant d’éléments supposant que Moncef Belkhayat surfe sur l’exemple Donald Trump, l’excentrique milliardaire candidat à la primaire républicaine américaine, en vue des élections de 2016. Éléments de comparaison.

Des gaffes assumées

En « parlant vrai », et sans mesure, les deux hommes se risquent aux dérapages fréquents. Ainsi,  l’homme à la chevelure blonde, se plaignant du traitement de Megyn Kelly, l’une des animatrices du premier débat des primaires républicaines organisé en août 2015, affirmait sur CNN qu’il n’avait «pas beaucoup de respect pour elle». Et de rajouter : «on pouvait voir du sang sortir de ses yeux, du sang sortir de son… où que ce soit». Une remarque sexiste qui avait choqué, au sein même de son propre camp.  Dans une moindre mesure, Belkhayat s’était lui aussi fait remarquer pour une sortie jugée sexiste, à l’égard de Nabila Mounib, provoquant l’ire de plusieurs personnalités politiques. L’élu s’en défendra quelques jours plus tard.

En Donald Trump et Moncef Belkhayat, il est parfois dur de trouver un précieux allié. L’ancien Ministre de la Jeunesse et des Sports a quelque peu surpris son monde, le 14 septembre 2015, en votant PAM à l’élection du président de la région Casablanca-Settat, alors que le RNI avait une alliance avec le PJD de Benkirane. Un sens de l’alliance curieuse. Lors d’un débat entre les différents candidats républicains, début septembre, Donald Trump s’était, lui, fait remarquer pour attaquer de façon virulente les autres candidats, les attaquant même sur leur physique. Ce débat décelait un réel manque de cohérence au sein même du parti, bien au-delà des différences de programmes et de lignes politiques. Joint au téléphone, Belkhayat nous confiera qu’au sein même de son parti, certains aimeraient bien voir l’élu de Casablanca se retenir de parler de certains sujets. Il concède volontiers ne pas faire l’unanimité dans les rangs du RNI: «J’ai une personnalité polarisante, soit on m’aime, soit on ne m’aime pas, c’est valable au sein même de mon parti.»

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Un sens aiguisé de la communication

Avouant spontanément avoir utilisé Mounib et Sitaïl pour faire le buzz et ainsi revenir sur la scène médiatique, Moncef Belkhayat sait communiquer et faire parler de lui. «C’est un concept marketing. Depuis ma sortie du ministère, j’étais oublié, et il fallait que je revienne au-devant de la scène médiatique » confiait-il ainsi à Med Radio, mi-septembre. Un sens du buzz à l’américaine qu’il assume et qui s’apparente à de nombreux candidats du pays de l’Oncle Sam, dont Donald Trump en est le parfait exemple. Le milliardaire à la chevelure douteuse use de nombreux piques et phrases-chocs pour déstabiliser les journalistes venus l’interroger. Il suffit de voir plusieurs interviews à la suite, pour comprendre que le Républicain a toujours le bon mot, pour ressortir gagnant d’un échange. «La communication est tout autant importante que les idées», nous confiera d’ailleurs Moncef Belkhayat.

«Avant ma campagne, je n’avais aucune raison spécifique pour être connu, les gens se souvenaient vaguement de moi en tant que ministre de la Jeunesse et des Sports. Mais j’ai su mener une campagne qui avait pour vocation d’apporter une certaine fraicheur dans le paysage politique marocain. D’où ma forte présence sur la toile et le lobbying auprès des chefs d’entreprises. Ce nouveau style politique a créé le buzz et m’a donné une certaine notoriété.» résume ainsi Belkhayat, dont le style de communication nous rapproche indéniablement du style très américain, exploité sous toutes les coutures, et avec abus, par Donald Trump, de l’autre côté de l’Atlantique.

Un rapport désinvolte à l’argent

Moncef Belkhayat comme Donald Trump, ont réussi dans la vie. La comparaison aurait pu s’arrêter là si les deux hommes n’aimaient pas le revendiquer haut et fort à qui veut l’entendre. Vous ne trouverez aucun meeting où le candidat américain ne vante pas ses mérites d’entrepreneur milliardaire. Ses sorties sur les milliards accumulés au cours de sa carrière de businessman sont fréquentes, même si certains rapports contestent les chiffres annoncés par l’excentrique postulant à la Maison-Blanche. Moncef Belkhayat est plus mesuré, mais semble revendiquer tout autant sa réussite. Récemment, il a apporté un éclairage sur sa fortune lors d’un entretien à la radio Chada FM. Les deux hommes s’accordent sur une chose: ils estiment ne plus avoir besoin de bien gagner leur vie. Donald Trump en fait un argument de campagne en disant qu’il ne vise pas la présidence pour s’enrichir puisque c’est déjà fait, quand Belkhayat estime, lui,  que «son salaire a été divisé par cinq », en devenant ministre. Le président de la Fondation Mohammed VI des champions sportifs concède que l’argent est un réel tabou dans la société marocaine. «Nous devons ça à notre part de culture francophone, notre culture latine» indique-t-il. «J’ai choisi d’être transparent et de dire qu’en effet, j’ai réussi dans les affaires et que j’ai pu faire fortune, pour que cela soit clair auprès du public. Aujourd’hui, en politique, vous avez beaucoup de professeurs ou d’avocats. Je ne vois pas pourquoi il n’y aurait pas des chefs d’entreprises.» insiste Belkhayat. Il pointera du doigt une responsabilité collective sur ce fameux tabou lié à l’argent : «On est dans une culture où dès que quelqu’un devient ministre, il est taxé de voleur par la population, et ça, je le refuse. On peut avoir fait fortune, en prenant des risques. Dans ma carrière d’entrepreneur, j’ai aussi bien connu des désillusions que des victoires, c’est un avantage.»

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Une présence sans failles sur la toile

Omniprésents sur la toile, les deux hommes misent énormément sur les réseaux sociaux pour communiquer avec leur électorat. Les deux hommes n’hésitent pas à remercier tous leurs soutiens et à répondre directement aux messages des Twittos qui leur sont adressés, quelquefois mêmes de façon… familière. Ainsi, répondant par exemple à un Twitto amusé de son montage parodiant l’équipe de campagne de Belkhayat, ce dernier répond avec ironie, en reprenant le terme « Zaz » qui avait déclenché les foudres des défenseurs de Nabila Mounib.

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Si Donald Trump bénéficie d’un compte rival sur Twitter, intitulé « Anti-Donald Trump », Moncef Belkhayat n’échappe pas à la règle. C’est un risque auquel les deux hommes s’exposent en étant si présents sur la toile.


Traduction : «Trump veut lui « botter les fesses » (au terroriste mexicain El Chapo), mais refuse toute question sur lui, lors des meetings.»

« Je me sens plus proche d’un Nicolas Sarkozy »

Contacté, Moncef Belkhayat, toujours joueur avec les médias dit se sentir «plus proche d’un homme comme Nicolas Sarkozy », tout en expliquant avoir «beaucoup de respect pour un homme comme Donald Trump qui est un entrepreneur, et donc un homme qui prend des risques, qui créé de la richesse et des milliers d’emplois. »

Quant à la question de savoir si c’est Moncef Belkhayat qui a pris exemple sur Donald Trump ou l’inverse, l’élu marocain nous répondra en s’amusant : «Même si ce n’est pas toujours l’image qu’on veut donner de moi, je suis quelqu’un de très humble, donc la raison me pousse à dire que c’est moi qui ai copié  Trump. »  Une réponse à la hauteur du personnage

 

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